Deux chaînes de moins. C'est officiel depuis les annonces de Matignon hier, France 4 et France Ô ne survivront pas à la réforme de l'audiovisuel public. Les deux chaînes, toutes deux créées en 2005, font les frais de la cure d'austérité exigée par le gouvernement de la part France Télévisions. Au total, il est demandé au groupe audiovisuel dirigé par Delphine Ernotte de dégager 160 millions d'euros d'économies d'ici 2022, sur un total de 190 millions d'euros réclamé à l'ensemble des acteurs de l'audiovisuel public. Au lendemain de ces annonces, Delphine Ernotte réagit dans une longue interview accordée à nos confrères des "Échos".
D'abord interrogée sur l'arrêt de France 4, Delphine Ernotte reconnaît qu'"arrêter une chaîne est un choc majeur" qui "n'a pas eu lieu depuis des années en France". "Nous le ferons au plus tard en 2020", assure la dirigeante qui veut d'abord se laisser le temps de "repenser (l)'offre jeunesse" de France Télévisions via la construction d'une "offre numérique solide" et la mise en place de programmes jeunesse sur les autres chaînes du groupe. "Nous allons prendre quelques mois pour définir le modèle éditorial", explique Delphine Ernotte alors que Françoise Nyssen, ministre de la Culture, avait d'ores et déjà annoncé que les dessins animés feront leur retour sur France 2.
Concernant France Ô, la libération du canal est attendu "au plus tard en 2020 également", selon Delphine Ernotte. "France Ô pose la question essentielle de la représentation et de la citoyenneté des Outre-Mer dans la République", poursuit la dirigeante qui explique avoir demandé à ses équipes de "mettre les programmes ultramarins au coeur des chaînes du groupe". "Il faut qu'il y ait une présence quotidienne de l'Outremer sur nos chaînes et qu'au moins une fois par mois, nous consacrions nos antennes aux territoires ultramarins" affirme-t-elle. "Nous formons un archipel France, cela doit se voir sur nos antennes", conclut la dirigeante.
Sur la teneur de la réforme, Delphine Ernotte se refuse à "la résumer aux économies". "Le secteur de la télévision est en pleine disruption (...) Notre métier passe de diffuseur à éditeur de programmes et c'est pour cela que nous ne pouvons pas garder autant de chaînes linéaires", explique-t-elle, assurant que "le crédo de la réforme n'est pas de faire des économies". "Pour moi, ce qui est important, c'est qu'il y ait aujourd'hui cohérence entre les missions et les moyens qu'on nous donne", poursuit la dirigeante qui chiffre à 400 millions d'euros, soit 15% des ressources du groupe, l'effort global que devra faire France Télévisions. "En tant que dirigeante d'entreprise, je peux vous dire que c'est un effort conséquent. C'est une trajectoire réaliste mais qui sera difficile", résume Delphine Ernotte.