Plus que quelques heures de patience. Ce soir, à 20h55, "Koh-Lanta" sera de retour sur TF1 avec Denis Brogniart une nouvelle fois aux commandes. Il y a quelques semaines, la chaîne a présenté le premier épisode à la presse et à l'issue de la projection, Denis Brogniart a répondu aux questions des journalistes et notamment de puremedias.com.
Evidemment, les questions se sont portées en majorité sur les drames qui ont touché le programme l'an dernier : le décès de Gérald Babin, sur la toute première épreuve de l'édition 2013, puis le suicide quelques jours plus tard du médecin de l'émission, Thierry Costa. Un an plus tard, Denis Brogniart est revenu sur les suites de ces affaires, son état d'esprit personnel, le calme et la pudeur qui ont accompagné cette nouvelle édition ou encore les attaques dont il a été victime.
Propos recueillis par Charles Decant.
Comment s'est passé ce retour pour vous sur "Koh-Lanta", retrouver cette atmosphère après les événements de l'an dernier ?
C'est quelque chose qu'on attendait avec impatience, toute l'équipe de production mais aussi les candidats. Avant le début du tournage, j'ai senti qu'il y avait le même état d'esprit chez tout le monde : l'envie de revenir, mais aussi une espèce de pudeur, d'émotion, que chacun essayait de garder en soi. C'était beaucoup plus calme comme démarrage. Il n'y avait pas cette euphorie. Mais il y avait malgré tout le bonheur de se retrouver - les gens qui travaillent sur "Koh-Lanta" font partie de l'équipe depuis 6, 7 voire 13 ans.
Ce calme, ce poids qui pesait sur l'équipe avant le départ, il s'est levé après le coup d'envoi ?
Oui et ça a fait du bien ! Je suis arrivé quatre-cinq jours avant et jours-là, on s'est retrouvé, avec l'équipe technique, on avait besoin de parler beaucoup. On l'avait déjà fait beaucoup à Paris, mais se retrouver là, en pleine préparation... Le dîner, dans la grande salle de l'hôtel où nous séjournions, la veille du premier jour... C'était beaucoup plus calme que d'habitude. Chacun pensait au candidat et à Thierry aussi... Ce ne sera plus jamais pareil !
Mais vous avez tout de même retrouvé le plaisir de faire cette émission ?
Bien sûr. Et il ne m'a jamais quitté.
Après les drames de l'an dernier, vous vous êtes dit à un moment que "Koh-Lanta", c'était fini ?
Jamais. Pour la simple et bonne raison que moi je suis là de la première la dernière seconde de cette journée dramatique. Je sais ce qui s'est passé. Je sais ce qu'on a fait. Je sais ce que les équipes techniques, médicales, de régie ont fait. Si notre responsabilité avait été engagée - et je ne parle même pas de la mienne à titre personnel, je parle de notre responsabilité collective -, j'aurais instantanément pris la décision personnelle d'arrêter.
Est-ce que vous comprenez les gens qui pourraient être choqués par le retour de l'émission sur TF1 ?
Bien sûr. Mais d'abord, si les réseaux sociaux et les gens que je rencontre dans la rue sont représentatifs, les gens qui seraient choqués sont une infime minorité. Et Dieu sait qu'on peut se faire fracasser sur les réseaux. Quelqu'un qui me dirait "Vous êtes un criminel, vous avez tué deux personnes", je ne prends pas la peine de lui parler. Celui qui cherche à comprendre pourquoi on repart, j'ai déjà répondu : je ne serais pas reparti si notre responsabilité était engagée. Quand un footballeur meurt brutalement sur un terrain, on n'arrête pas le championnat de France de football. Quand quelqu'un meurt d'une défaillance cardiaque ou physique sur un marathon, et ça arrive souvent avec 30.000 personnes au départ, on n'arrête pas la course. On le regrette, on essaie de mettre en place des garde-fous de plus en plus solides, mais on n'arrête pas. C'est la même réflexion qui nous a animés, avec le respect absolu de ce candidat qui était atteint d'une pathologie cardiaque très difficilement décelable.
Comment avez-vous vécu ces attaques, notamment de certains médias ?
Qu'il y ait des enquêtes, que les journalistes aient essayé de comprendre ce qui s'est passé, c'est normal. Chacun fait son métier de journaliste. Mais j'ai été déçu par très peu de gens. Vous savez, on m'a toujours considéré comme un "TF1-boy", mais je le suis encore plus aujourd'hui. Quand vous avez votre patron et le patron des programmes qui viennent vous chercher à 6h du matin quand vous rentrez du Cambodge, quand vous avez cette chaleur qui vous est donnée, cette confiance en permanence, que ce soit par TF1 ou ALP. Dans une situation comme celle-ci, soit ça explose, soit les liens se renforcent à tout jamais. C'est la deuxième solution qui s'est produite.
Le choix d'une édition "all stars" était évident ?
Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas fait un "all-stars" et on avait envie de repartir avec des candidats charismatiques, qui avaient montré que psychologiquement et physiquement, ils étaient capables de vivre une aventure comme celle-ci. Ca nous a permis de redémarrer "Koh-Lanta".
Vous allez rendre hommage à Gérald Babin au cours de l'émission ?
Non, il n'y aura pas d'hommage, parce que nous avons toujours dit que nous respecterions ce que souhaitait la famille de Gérald, et elle ne le souhaite pas. Nous avions pensé le faire, de manière très discrète. En revanche, nous aurons un hommage de l'équipe dans le générique de fin pour Thierry. Parce qu'il faisait partie de notre équipe depuis des années, et que c'était un camarade apprécié de tout et un médecin aux compétences reconnues et remarquables.
Dans le premier épisode, il n'y pas non plus de mention du dispositif médical accru. Vous pensiez que ça n'avait pas sa place dans l'émission ?
On n'a jamais parlé de ces dispositifs. On essaie d'invisibiliser tout ça, vous ne voyez jamais une caméra ou un technicien. On vous le dit à vous. Le dispositif a été renforcé - ce qui, encore une fois, ne veut pas dire que le dispositif initial n'était pas bon. Mais compte tenu de ce qui s'est passé, nous avons décidé de le renforcer. Ce n'est pas nous, journalistes ou producteurs, qui l'avons établi. C'est un collège d'experts avec des médecins spécialisés dans les zones tropicales, dans les sports extrêmes, etc, qui s'est réuni. Il y a eu un cahier des charges, que nous avons suivi à la lettre.
Outre l'encadrement plus important, est-ce que vous avez aussi apporté des modifications à certaines épreuves, moins difficiles physiquement ?
Aucune. Je vous rappelle que ce qui est arrivé l'an dernier peut arriver à n'importe qui à la plage. C'est une épreuve que vous pourriez faire, de tir à la corde. Au bout d'une heure d'aventure, avec des candidats qui étaient sortis de leur hôtel.