"Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage". Ce sont les propos tenus par Dieudonné sur la scène du théâtre de la Main d'or, à Paris. Cette séquence a été enregistrée en caméra cachée par des journalistes de France 2 et diffusée hier soir dans un numéro de "Complément d'enquête" consacré à "la dictature du rire" (voir l'extrait ci-dessus).
Cette sortie de Dieudonné fait écho à une interview de Frédéric Taddeï par Patrick Cohen. En mars dernier, sur le plateau de "C à vous", les deux journalistes avaient affiché leur divergence. "Vous invitez des gens qu'on n'entend pas ailleurs mais vous invitez aussi des gens que les autres médias n'ont pas forcément envie d'entendre ! En passant sur France 2, est-ce que vous continuerez à inviter Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral... Des gens que vous êtes le seul à honorer à la télévision. Et à mon avis, pas seulement pour de bonnes raisons (...) Moi je n'ai pas envie d'inviter Tarik Ramadan !", avait attaqué le présentateur de la matinale de France Inter, parlant même de "cerveaux malades".
"Vous, vous faites le journal, vous ne faites pas une émission de débats intellectuels (...) Je suis sur le service public, ce n'est pas à moi d'inviter les gens en fonction de mes sympathies ou antipathies", avait répondu Taddeï qui fut défendu quelques jours plus tard par Daniel Schneidermann. Le fondateur d'@rrêt sur images avait dénoncé la "faute professionnelle" de Patrick Cohen.
Mais Radio France a décidé de soutenir son journaliste vedette. Selon Le Monde, l'avocat Richard Malka, conseil de Radio France, a dénoncé des propos "invraisemblables en 2013". Il a promis de "signaler au procureur de Paris l'existence de ces 'propos ignobles'", écrit le quotidien du soir. Au magistrat de décider s'il poursuit ou non l'humoriste pour "incitation à la haine et à la discrimination".
L'humoriste a déjà été plusieurs fois condamné pour des propos à caractère raciste, notamment en 2008 lors de la remise du "prix de l'infréquentabilité" au négationniste Robert Faurisson par une personne déguisée en déporté juif.