La riposte s'organise ! Alors que le droit voisin est officiellement entré en vigueur aujourd'hui, l'Alliance de la presse d'information générale (APIG), constitué des principales organisations professionnelles de la presse et qui regroupe plus de 300 journaux différents, a officiellement annoncé ce matin son intention de porter plainte contre Google, devant l'Autorité de la concurrence. L'Alliance annonce par ailleurs saisir le gouvernement pour contester les conditions imposées par le moteur de recherche.
Cette initiative collective a été annoncée ce matin, à l'occasion d'une conférence de presse, par Jean-Michel Baylet, patron du groupe La Dépêche du Midi et président de l'Alliance. Par ailleurs, l'AFP, qui ne fait pas partie de l'Alliance, a indiqué préparer également une plainte de son côté. Ce matin, invité de franceinfo, Marc Feuillée, vice-président de l'Alliance et directeur général du groupe Le Figaro, a expliqué : "Nous allons demander le soutien des pouvoirs publics. Le Parlement français a voté à l'unanimité la loi sur les 'droits voisins'. C'est une directive européenne, elle est transposée dans tous les pays européens et nous nous indignons qu'une entreprise puisse se placer au-dessus des lois".
PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Pierre Louette a de son côté dénoncé, sur son compte Twitter, un "coup de force de Google", qui va "à l'encontre de notre démocratie". "Google nous propose une alternative entre nous amputer de notre trafic, ce qui revient à empêcher les lecteurs de nous découvrir ou d'accéder à nos sites à travers son moteur de recherche, et nous amputer de notre droit", s'est-il étranglé. "Nous sommes déterminés. Tous ensemble, Alliance (APIG) et syndicats, nous ne lâcherons rien face à cette multi-nationale qui se comporte comme une supra-nationale", a-t-il par ailleurs déclaré.
Pour rappel, la France est le premier pays à transposer la directive européenne dite du "droit voisin", adoptée en juillet dernier, qui ordonne aux plateformes numériques, comme Facebook et Google, de rémunérer les éditeurs des articles de presse qu'elles utilisent gratuitement. Ce nouveau mécanisme est censé permettre un meilleur partage des revenus du numérique, très essentiellement captés par les GAFA, au bénéfice des producteurs d'information, lésés. Mais Google, vecteur important de trafic pour les titres de presse sur le numérique, refuse de payer, au nom de la préservation de "la confiance de (ses) utilisateurs". Le géant américain a ainsi contourné le problème en faisant disparaître les extraits d'articles et les photos et ne laissent que les titres des liens, sauf pour ceux qui acceptent de céder leur droit. Ce qui est précisément aujourd'hui contesté par les principaux éditeurs de presse français... mais aussi par le gouvernement.