Une petite révolution se prépare dans le PAF français. Le 1er mars entrera en effet en vigueur une récente délibération du Conseil supérieur de l'audiovisuel relative au respect des droits des femmes à la télévision. Adopté le 4 février dernier, ce texte va avoir à terme des conséquences sur ce que les téléspectateurs verront à la télévision.
La délibération des Sages traduit dans la pratique les dispositions de la loi du 4 août 2014 "sur l'égalité réelle entre les femmes et les hommes". Cette nouvelle législation a chargé le CSA de veiller à "une juste représentation des femmes et des hommes" à la télévision et à l'image des femmes véhiculée dans les programmes "notamment en luttant contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein du couple". Cette loi du 4 août impose aussi aux chaînes de télé de fournir au CSA "des indicateurs qualitatifs et quantitatifs sur la représentation des femmes et des hommes dans leurs programmes".
Après trois mois de concertation avec les chaînes de télévision, le CSA a donc précisé concrètement comment allait s'appliquer la loi. Plusieurs obligations vont désormais s'imposer aux chaînes. Tout d'abord, elles devront nécessairement diffuser des programmes "contribuant à la lutte contre les préjugés sexistes et les violences faites aux femmes". Les chaînes devront ainsi remettre chaque année la liste des programmes remplissant selon elles cet objectif.
Les chaînes diffusant des programmes "jeunesse", de télé-réalité ou des fictions audiovisuelles devront les auto-évaluer via une grille de lecture spécifique fournie par le CSA. Cette dernière doit permettre de savoir si un programme est stéréotypé ou non et se présente sous la forme d'une liste de questions. Pour une série par exemple, le diffuseur devra notamment juger si son programme fait intervenir une femme dans un rôle important ou pas, ou si l'un des personnages féminins principaux a ou non une "activité décisionnaire". Plus un programme obtiendra de réponses positives, moins il sera jugé comme stéréotypé. A la fin, les chaînes devront remettre au Conseil la liste des programmes "non-stéréotypés" qu'elles ont diffusés.
Enfin, les chaînes devront aussi fournir au CSA la liste répartie par sexe des présentateurs, animateurs, journalistes, chroniqueurs, experts et invités étant apparu sur leur antenne, ainsi que préciser la proportion d'hommes et de femmes.
Toutes ces données devront être remises chaque année au CSA avant le 31 janvier. Les Sages de l'audiovisuel les vérifieront et les rendront publiques. Le CSA définira ensuite "en concertation" avec chaque chaîne des objectifs de progression pour l'année suivante. L'institution présidée par Olivier Schrameck s'est cependant refusée à fixer d'entrée de jeu des objectifs précis et contraignants aux chaînes de télé. "L'essentiel, c'est que cela progresse", a expliqué à puremedias.com, Sylvie-Pierre Brossolette, qui préside le groupe de travail sur les droits des femmes au CSA et a mené la concertation avec les chaînes.
La conseillère met en avant une "démarche positive" et non punitive. Selon elle, c'est "la meilleure méthode" pour faire progresser la place des femmes à la télévision. Si les premiers rapports publiés l'année prochaine par les chaînes serviront surtout de base de travail, le CSA pourra cependant à terme sanctionner les chaînes s'il estime leurs efforts trop insuffisants.