Info puremedias.com. LCI est déjà dans le collimateur de BFMTV. Une semaine seulement après sa première rentrée en clair, la chaîne info du groupe TF1 est selon nos informations prise pour cible par sa concurrente dans un courrier adressé au Conseil supérieur de l'audiovisuel. Dans cette missive envoyée en fin de semaine dernière et signée par son patron Alain Weill, BFMTV reproche à LCI de recourir trop facilement aux éditions spéciales, et ce, en contradiction avec ses engagements pris devant le CSA.
Gravés dans le marbre de la nouvelle convention de la chaîne signée le 17 février dernier, ces derniers contraignent notamment LCI à ne pas être une chaîne de pur "hard news" comme ses concurrentes. "Les journaux télévisés et rappels des titres n'excèdent pas 30% du temps total de diffusion", dispose ainsi sa convention, ajoutant que "30% du temps total de diffusion" doit être représenté par "des magazines d'information spécialisés" sur la politique, l'économie ou encore l'actualité internationale. Un peu plus loin, la convention précise que LCI ne peut s'affranchir de ces obligations qu'en cas d'"événement exceptionnel et majeur lié à l'actualité tel que notamment : attentats, inondations, libération d'otage."
Selon BFMTV, LCI aurait manqué à plusieurs reprises à ses obligations dans ce domaine ces derniers jours. Dans sa ligne de mire, un journal de 20 minutes diffusé par LCI suite à la décision du Conseil d'Etat sur le burkini le 26 août dernier. Surtout, BFMTV vise dans son courrier la couverture de la démission d'Emmanuel Macron par la chaîne info du groupe TF1. Ce jour-là, LCI avait décidé de casser son antenne dès 12h, traitant uniquement de cette information, comme la plupart des médias audiovisuels. La chaîne info était ensuite passée officiellement en édition spéciale dès 14h30 et ce, jusqu'à 18h. Cette dernière occupera ensuite l'immense majorité de l'antenne de LCI jusqu'à tard dans la soirée.
De leur côté, ce 30 août, les concurrentes de la chaîne info du groupe TF1 avaient elles aussi traité quasi-exclusivement cette information. BFMTV n'avait en revanche basculé en édition spéciale qu'à partir de 17h, heure de l'officialisation de la démission par l'Elysée, et ce, jusqu'à 00h15. Pour sa part, iTELE n'avait jamais eu recours à l'édition spéciale ce jour-là.
Dans son courrier, BFMTV estime que LCI n'a ainsi pas respecté ses obligations en cassant son antenne si tôt dans la journée et en déclenchant son édition spéciale deux heures et demi avant l'officialisation de la nouvelle. L'affaire est désormais entre les mains du CSA, qui devra notamment estimer si cette démission d'Emmanuel Macron constitue ou non un "événement exceptionnel et majeur lié à l'actualité" permettant à LCI de casser son antenne. Le "notamment" qui précède la liste des circonstances donnée dans la convention laisse le champ libre à toutes les interprétations.
Quelle que soit son sens, la décision des Sages de l'audiovisuel sera sans doute lourde de conséquences pour l'avenir de la chaîne info dirigée désormais par Thierry Thuillier, un journaliste chevronné dont de nombreux observateurs ont reconnu la patte en regardant LCI le 30 août dernier.
Plus généralement, la chaîne info du groupe TF1 semble déjà vouloir faire en partie sauter le corset réglementaire dans lequel elle a accepté de rentrer pour pouvoir passer en gratuit. En début de semaine, c'était ainsi le PDG de TF1, Gilles Pélisson, qui s'en prenait à une autre disposition de la convention de sa chaîne info : celle interdisant à TF1 de faire la promotion de LCI sur ses autres antennes (TF1, TMC, HD1).
Dans une interview aux Echos, le patron de TF1 a justifié sa démarche en expliquant que France Télévisions, qui n'a pourtant pas les mêmes obligations que son groupe, se livrait à de la promotion croisée pour sa nouvelle chaîne info. Pas sûr que cet argument suffise à convaincre le CSA de revenir sur une interdiction validée par TF1 lors de la signature de la convention de LCI il y a seulement six mois. L'institution d'Olivier Schrameck devrait en tout cas trancher ce sujet dès la semaine prochaine.
Contactés, ni BFMTV, ni LCI, ni le CSA n'ont souhaité faire de commentaires.