Le retour de "Nouvelle Star", c'est ce soir. A 21h - et des poussières -, D8 dégainera sa quatrième édition du télé-crochet produit par FremantleMedia France. Cette nouvelle saison est marquée par l'arrivée de JoeyStarr dans le jury, aux côtés d'Elodie Frégé, Sinclair et André Manoukian. A l'occasion du retour de l'émission, Sinclair et Elodie Frégé ont répondu aux questions des journalistes lors de la présentation à la presse de l'émission.
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Propos recueillis par Charles Decant.
Qu'apporte JoeyStarr à cette nouvelle saison de "Nouvelle Star" ?
Sinclair : Je connais Joey depuis un certain temps et je sais que c'est quelqu'un de très spécial au niveau relationnel. Il est très direct et en même temps, c'est quelqu'un d'hyper sensible. Forcément, je savais que ça allait amener quelque chose de très intéressant. Mais chaque saison a son alchimie. Là, on est vraiment dans une énergie nucléaire et détonnante.
Son arrivée a-t-elle eu un effet sur le profil des candidats ? Est-ce que vous avez vu plus d'artistes à l'univers urbain ?
Sinclair : Non... On a senti quelques effets de marketing, de gens qui voulaient séduire en utilisant des titres qui n'étaient pas de leur univers...
Elodie : ... qui ont voulu rapper à tout prix. Advienne que pourra ! (Rires)
Sinclair, qu'est-ce qui vous avait poussé à accepter de participer lors de la première saison ?
Sinclair : J'ai accepté de venir dans cette émission à une période où je me posais des questions en tant qu'artiste. C'était il y a assez longtemps. Je me suis dit "Qu'est-ce que c'est cet effet qu'on doit ressentir ? Qu'est-ce qu'on doit ressentir quand on est de l'autre côté, qu'on commence à regarder les artistes ? Quel avis on a dessus ?", avant même de me demander si je pouvais transmettre quoi que ce soit.
Et vous avez cette image de juré très tranchant...
Sinclair : Pendant longtemps, on m'a considéré comme le méchant. Mais non ! En fait, je suis un peu dur parfois mais je sais à quoi mène trop de gentillesse là-dedans. Ce que je sais, à force, c'est que ça peut faire vraiment des dégâts quand on n'est pas préparé à aller sur des primes, quand on peut y croire et se faire jeter au bout du deuxième prime alors qu'on avait fantasmé sa vie en tant que star, alors que tout ça, c'est quand même très éphémère et bancal. Donc je suis assez sélectif, je me dis que ça ne sert à rien de faire croire à quelqu'un qu'il va y arriver s'il n'est pas armé.
Et vous Elodie, pourquoi rempiler pour une deuxième saison ?
Elodie Frégé : J'étais curieuse de renouveler l'expérience, et je me suis fait des potes, même l'équipe ! Ca a été une expérience assez révélatrice pour moi : j'ai beaucoup de mal à m'exprimer oralement, c'est un challenge à chaque fois - c'est pour ça que j'écris des chansons d'ailleurs ! Je pense que si j'avais pu faire "Nouvelle Star" à l'écrit, j'aurais été beaucoup plus concise et synthétique. (Rires) L'année dernière, j'ai appris à m'exprimer et aussi à être en retrait, à ne plus être le nombril du monde. J'ai un peu donné de ma personne et j'ai appris à écouter les autres. L'expérience était assez nourrissante !
Emji était la favorite très tôt l'an dernier. Vous avez un ou des profils aussi évidents cette année ?
Sinclair : On n'est pas dans le même cas de figure, c'est ça qui est intéressant. On a pas mal d'identités vraiment différentes donc on ne peut pas faire de pronostic. J'ai l'impression de retrouver quelque chose avec un enjeu plus fort. On est spectateur de ces potentiels changements.
Elodie Frégé : Il y a toujours une surprise au coin de la rue. Chaque prestation peut nous faire changer d'avis !
La finalité de "Nouvelle Star", c'est de décrocher un contrat avec une maison de disques et potentiellement devenir la nouvelle star de demain...
Elodie Frégé : ... C'est de rompre le contrat avec la maison de disques et de partir dans une autre qui donnera plus d'argent ! (Rires)
Vous connaissez le milieu, c'est de plus en plus difficile...
Sinclair : ... Ce n'est même plus un milieu, c'est les côtés en ce moment. Il n'y a plus rien au centre. C'est sûr qu'on est dans une période complexe. Mais je dirais plutôt que le but de "Nouvelle Star", c'est de faire une émission où on voit de la musique et où il se passe quelque chose. Le but, ce n'est pas forcément de faire un album derrière. Même un artiste confirmé ne sait pas si l'album qu'il va faire va avoir la chance de sortir ou de se vendre. Donc on n'est plus trop dans cette problématique et c'est même un peu dangereux de l'envisager comme ça.
Pour vous, ce n'est plus un concours de talent ?
Sinclair : C'est un concours de talent, mais ce n'est plus pour en sortir un album. C'est trouver des gens qui sont capables de montrer qu'ils ont leur place là-dedans. Ce qu'ils vont faire après, ça ne dépend même plus de la même industrie...
Elodie Frégé : C'est une exposition, un tremplin...
Sinclair : Je pense qu'on aime tous découvrir des gens qu'on ne connaît pas et qui réinterprètent des chansons avec cette fougue que peut perdre un artiste confirmé, c'est pénible de faire des émissions promo, et c'est très rare de faire une très bonne prestation dans ce type d'émissions. Alors que là, on a un enjeu qui est tel qu'on trouve des jeunes qui arrivent et qui chantent avec un truc très spécial. Après, faire un album, c'est un autre truc...
Qu'est-ce que vous en pensez, Elodie ?
Elodie Frégé : Moi je ne comprends pas qu'on ait envie de faire un album qui sorte quatre mois après. Pour l'avoir vécu, je ne compte pas mon premier album dans les albums que j'ai eu envie de sortir. Je leur conseillerais plutôt de prendre le temps. Alors, effectivement, la télévision fait qu'on a peur d'être oublié, mais si on fait des concerts, qu'on prépare sa musique, ou même qu'on fait des vidéos qu'on met en ligne, il y a tellement de façons de mettre en avant sa musique après une émission comme "Nouvelle Star" qu'ils peuvent prendre un an pour faire leur disque...
Sinclair : Sans jeter la pierre aux maisons de disques, tout le monde cherche aujourd'hui le nouveau schéma qui va faire qu'on va retrouver les années où chacun pouvait vivre de ce métier-là. C'est la panique, personne ne sait vraiment comment faire...
Elodie Frégé : On peut essayer une comédie musicale... Ce qui est très dangereux, mais bon...
C'est ce qu'a fait Emji...
Elodie Frégé : Oui, c'est ce que je voulais dire.
Ca a l'air d'être assez éloigné de son univers, donc c'est un peu surprenant...
Elodie Frégé : Oui mais il faut bien qu'elle reste exposée, qu'elle vive aussi de ce métier ! Si elle retourne dans le métro, je pense que ça sera d'autant plus compliqué.
Elodie, vous avez justement fait le choix de vous concentrer sur des projets plus personnels, quitte à être moins mainstream...
Elodie Frégé : Oui. Alors, il y a beaucoup de lutte là-dedans, mais c'est aussi pour ça que j'ai choisi de participer à "Nouvelle Star" parce que, autrement, j'aurais eu une pression monstrueuse de ma maison de disques - et de ma banque, soyons honnêtes. La maison de disques m'aurait dit qu'il fallait que je sorte un album très vite, avec ci, avec ça, "Arrête d'écrire des chansons, parce que toi tu écris des chansons qui ne correspondent pas à l'époque, ça va mettre trop de temps, les gens ne vont pas comprendre tout de suite qui tu es...". Ca aurait été un enfer, donc je me suis dit que j'allais participer à ce programme qui voit naître des artistes qui ont sans doute les mêmes envies que moi, en tous cas j'espère, et du coup, je peux prendre le temps d'écrire mon prochain disque.
Ce dialogue avec la maison de disques, vous l'imaginez, ou vous l'avez eu ?
Elodie Frégé : Je l'imagine beaucoup, mais je l'ai eu aussi... Ils ont aussi le couteau sous la gorge, il faut qu'ils donnent envie au public d'acheter des disques, qu'il y ait des résultats. Ils ne sont pas dans une situation très confortable, les chefs de projet, les directeurs artistiques... On fait des compromis...
Sinclair : C'est vrai. On fait des compromis, mais tant que ce n'est pas dans l'artistique, c'est bien.