De la "Star Academy" à "Nouvelle Star". Ce soir, à 20h50, Elodie Frégé fait son arrivée dans le télé-crochet de D8 aux côtés d'André Manoukian, Sinclair et Yarol Poupaud. A cette occasion, puremedias.com s'est entrenu avec la gagnante de la "Star Academy" sur TF1 en 2003 afin d'évoquer ce nouveau rôle mais également sa carrière musicale et la préparation de son prochain album.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
Vous arrivez dans un jury où André Manoukian entame sa onzième saison et Sinclair, sa cinquième. Pas trop de pression ?
Elodie Frégé : Non, pas du tout. Pas le moins du monde. Surtout que ce sont des garçons, avec Yarol Poupaud, qui sont cultivés, humains, drôles, intelligents... Il n'y avait pas de raison qu'il y ait de la pression. Je crois qu'ils étaient aussi contents que moi qu'on se réunisse tous.
Vous les connaissiez auparavant ?
Je n'avais jamais rencontré Yarol. André, j'ai dû faire un live à la radio quand il avait remplacé Frédéric Lopez sur France Inter. On ne s'était même pas croisés : il m'avait présentée, j'avais chanté et c'était tout. Mais bon, André, on le connaît depuis des années à la radio et à la télévision donc j'avais quand même une idée du personnage qu'il était et je n'ai pas été déçue. C'est quelqu'un de très doux, très humain, très sensible, drôle, cultivé... C'est une vraie belle rencontre pour moi. Et Sinclair, je l'ai croisé une seule fois, pour travailler sur l'album "Forever Gentlemen". Il était très sympa. Et je connais très bien son papa, avec qui j'ai fait plusieurs disques.
On connaît André Manoukian très philosophe dans ses raisonnements et Sinclair, tantôt touché, tantôt cassant. Quelle va être la touche Elodie Frégé ?
C'est marrant parce que je pourrais être un mix des deux. J'ai une forte émotivité dans la vie et devant de l'art, que ce soit de la musique, de la danse ou de la peinture. Je peux être très très vite émue mais j'essaye de me protéger. J'ai remarqué que j'y arrive mieux maintenant. J'arrive à me retenir. Avant, je n'y arrivais pas. Même pendant un enterrement, j'étais tellement nerveuse que je pouvais soit pleurer, soit rire, soit les deux en même temps ! J'étais sur-émotive. C'était quelque chose qui pouvait m'effrayer un peu en acceptant de faire "Nouvelle Star". Et finalement, je trouve que j'arrive pas mal à gérer ces émotions. Après, c'est vrai que je dois être bizarrement très exigeante - je dis bizarrement parce que le public ne s'imagine pas que je puisse être exigeante puisque j'ai moi-même participé à un télé-crochet il y a presque 12 ans. Mais je pense que ça m'a sculptée, tout comme les rencontres d'après.
Vous dites que vous avez une tendance à l'émotion. On sait que, sur les réseaux sociaux, certains internautes sont parfois durs envers les jurés de télé-crochet. On pense notamment à certaines réactions envers Jenifer dans "The Voice".
Ca, c'est la méchanceté très facile des gens qui sont là derrière leur écran, en pyjama, avec les dents sales ! (Rires) Je les imagine comme ça les gens qui se permettent de critiquer quelqu'un qui va s'engager dans la découverte d'un nouvel artiste. Que ce soit Jenifer, moi ou d'autres, ce n'est pas un boulot facile et on a décidé de s'y engager avec toute notre émotion. Ceux qui fabriquent tout, je trouve ça vraiment désolant et irrespectueux vis-à-vis du public et d'eux-mêmes. Je pense que Jenifer ou quiconque qui fait ce métier, ce qu'on veut, c'est être totalement en phase avec nous-mêmes et ce qu'on dit. Et si à un moment, on a envie de pleurer ou de rigoler, on n'est pas des machines !
On se souvient de votre coup de blues sur Twitter, sur le fait de chanter des reprises d'autres artistes à chaque apparition sur un plateau télé et non vos chansons...
Ce n'était pas un coup de gueule ou un coup de blues. J'avais de plus en plus d'abonnés sur Twitter et je me suis dit "Attends, les gens sont là à commenter chaque passage télé que je fais". Je suis ravie d'aller chanter à la télé, c'est mon métier, du moment que je peux parler de mon actualité et amener les gens à venir me voir sur scène ensuite. Je n'écris pas des chansons pour le plaisir d'écrire des chansons. J'aimerais bien que les gens les entendent un petit peu aussi ! (Rires)
Mais justement, ce n'est pas un peu antinomique avec "Nouvelle Star", où la quasi-totalité des titres sont des reprises ?
Non, ce qui était antinomique pour moi, c'est qu'on m'applaudisse en me disant qu'on m'avait trouvée belle à la télé le samedi soir mais qu'on ne sache pas ce que je chante. "Nouvelle Star", ça n'a rien d'antinomique puisque les gens ne nous ont pas encore proposé d'album, les candidats ne sont pas encore en studio en train d'enregistrer. Pourtant, là en tant que jurée, j'ai été ravie de voir plusieurs candidats dont certains qu'on a sélectionnés qui nous chantaient leurs compositions.
Votre dernier album, "Amuse Bouches", n'a pas trouvé son public. Dans le cas contraire, vous auriez quand même accepté de faire "Nouvelle Star" ?
Pourquoi pas. Enfin, ça dépend parce que j'aurais peut-être eu plus de dates de tournée, on aurait peut-être développé une production des disques à l'étranger... Peut-être que le planning aurait été un peu trop chargé mais, dans l'absolu, je ne regrette aucunement d'avoir dit oui. J'ai hésité à cause de mon planning et, en fait, on ne m'avait jamais proposé ça et j'avoue avoir un petit faible pour cette émission. Ca me fait du bien, même en tant qu'artiste. Quand je vais me remettre à écrire pour le prochain disque, ça va m'aider. Ca m'a appris des choses, je me suis nourrie de ce que j'ai pu dire, entendre... C'est beau de voir des talents bourgeonner, éclater et pousser. Ca donne envie.
Ces dernières années, les télé-crochets se sont multipliés mais très peu de chanteurs ont réussi à connaître le succès une fois les caméras éteintes. Ca ne vous fait pas peur de lancer un artiste qui risque de ne pas être entendu après "Nouvelle Star" ?
C'est le risque de l'émission de télévision et c'est là qu'est le paradoxe. Il y en a tellement justement que les gens, finalement, ne s'intéressent qu'au concours et attendent le suivant avec impatience. C'est très rare quand il y a un suivi du public. Mais je pense que c'est aussi le travail des maisons de disques de faire ça parce que ce sont elles qui récupèrent les artistes qui ont séduit le jury et le public. Si l'artiste a envie de prendre son temps, comme Mathieu le dernier gagnant de "Nouvelle Star", peut-être que les gens vont s'y intéresser. Le public n'a plus l'habitude. Il faut l'habituer à quelque chose de sincère et de vrai. Et c'est là qu'ils suivront, les gens. Il ne faut pas les prendre pour des cons ! Donc moi, je suis curieuse de savoir ce que ça va donner mais j'espère de tout coeur que ça donnera des Christophe Willem, des Julien Doré, des Camélia Jordana, des Amel Bent... Je pense que la communication a été bien faite autour d'eux et aussi que, au départ, "Nouvelle Star" s'intéresse vraiment à la musique, et pas seulement au profil dramatique des candidats.
Quand vous parlez de ces à-côtés, on pense directement à la "Star Academy", où vous avez été révélée. Vous ne regrettez pas d'avoir fait cette émission ? Vous auriez peut-être préféré "Nouvelle Star" ?
Dans le contexte, maintenant que je connais "Nouvelle Star", je me dis que ça aurait peut-être été moins délicat pour moi, qui étais une jeune fille assez complexée, pas très sûre d'elle. Je pense que ça aurait été un tout petit peu moins violent pour moi s'il n'y avait pas eu tout ce truc à-côté. Après, on travaillait énormément aussi. Il y avait beaucoup de stress, peu de sommeil. Dans la "Star Academy", malheureusement, c'est l'à-côté qui prenait le dessus sur la musique, c'est ça qui marquait certains plutôt que d'offrir aux gens un spectacle artistique et intéressant. C'est ce que je veux dire quand je disais que j'aurais peut-être préféré faire "Nouvelle Star", parce qu'on est fixés sur la musique, l'identité personnelle et pas sur le fait de faire une énième Rihanna, une énième Beyoncé, en racontant aussi ses histoires d'amour survoltées et la mort de sa grand-mère... Ouh, c'est violent, très très violent ce que je viens de dire ! (Rires)
Ces dernières semaines ont été marquées par l'échec de "Rising Star", le télé-crochet 2.0 de M6. Vous avez regardé ?
Je n'ai pas regardé du tout. J'ai vu passer des articles mais je n'ai pas regardé parce que, déjà, je regarde très peu la télévision. Et puis parce que... je ne sais pas, ça ne m'intéressait pas ! (Rires) Mais en général, je ne regarde pas ce genre d'émissions. J'ai regardé "Nouvelle Star", les premières saisons, notamment Julien Doré et Camélia Jordana. Mais pas en entier. J'écoute plus la radio que je regarde la télévision. Et encore, la radio, je suis souvent déçue. Donc je regarde des films. (Rires) Et je vais voir des concerts surtout, c'est important !
Vous avez déclaré que vous commenciez à travailler doucement sur votre prochain album. On va y retrouver André Manoukian, Sinclair et Yarol Poupaud ?
Pas pour l'instant parce que c'est vrai que je commence doucement. Mais doucement, pour moi, ça veut dire surtout dans ma tête. Je commence à noter des trucs. C'est comme ça que je fonctionne, avec des dictaphones, des mémos, ma guitare... Mais je mets beaucoup de temps avant de démarrer quelque chose et de prendre la décision de me lancer dans la tourmente et la tempête. Pour l'instant, on n'en a pas parlé avec les autres jurés.