Le retour d'"Intervilles" sur le petit écran ne cesse de faire parler. La raison ? Dans cette nouvelle version imaginée par Nagui, qui verra le jour sur France Télévisions à l'été 2025, il n'y aura plus les célèbres vachettes, partie intégrante de l'émission diffusée pour la première fois en 1962 avec Guy Lux et Léon Zitrone à sa tête, et dont le dernier numéro a été diffusé en 2013 sur France 2.
Nagui, qui présentera le jeu version 2024, a indiqué auprès de l'AFP que l'absence des vachettes a été conjointement décidé avec France Télévisions. "Je pense simplement que ces taureaux sont beaucoup plus heureux dans la nature, à cavaler, qu'à entendre des cris et à courir après de jeunes pompiers qui risquent en plus de se faire empaler", a expliqué l'animateur-producteur, assurant qu'il souhaitait retrouver dans le programme "l'esprit des fêtes votives, l'esprit des kermesses". "C'est un débat qui, pour moi, est organisé par des lobbies" à l'occasion d'une "loi qui voulait interdire l'accès des mineurs aux corridas (le texte a été rejeté par le Sénat le 14 novembre, ndlr). Ils ne sont tellement plus dans l'air du temps", cingle le présentateur, lui-même végétarien et soutien d'associations comme L214, PETA ou la SPA.
Si ce parti pris a été salué les associations de défense des animaux, notamment PAZ (Projet Animaux Zoopolis), qui applaudit une "très bonne nouvelle concernant une émission emblématique", plusieurs voix s'élèvent contre cette décision qui dénaturerait selon elles le programme. Les villes de Bayonne, Dax ou encore Mont-de-Marsan, qui ont beaucoup participé au jeu, ont ainsi annoncé qu'elles ne seraient pas de la partie. "'Intervilles' sans les vaches, ce n'est pas 'Intervilles'", a déclaré à l'AFP le maire Horizons de Dax, Julien Dubois, selon qui il est "faux" de dire que ces animaux "souffriraient pendant le jeu".
Dans les colonnes de "Midi Libre", la mairie de Nîmes a également opposé son refus : "C'est la culture taurine, on ne va pas se laisser imposer ça". Même son de cloche à Palavas et au Grau-du-Roi. "Nous refusons ce qui serait dicté par une approche spéciste", a déclaré l'édile gardois, assurant que "la sécurité et le bien-être animal" était au coeur des préoccupations de "l'ensemble des acteurs, éleveurs, organisateurs et élus".
Dans les rangs des historiques de l'émission, ça grogne aussi. C'est le cas du DJ et comédien Philippe Corti, qui a notamment réalisé l'habillage musical d'"Intervilles" entre 2005 et 2008. Contacté par Nagui pour reprendre du service, il n'a pas voulu participer à cette nouvelle version. "Nagui m'a demandé si ça me plairait de revenir. (...) Non, sans vachettes, c'est non. (...) C'est une pépite populaire 'Intervilles', on va servir quoi ? Un plateau à moitié froid aseptisé sans vachettes ? Guy Lux doit se retourner dans sa tombe !", a fustigé le Gardois avant d'ajouter : "C'est de la bien-pensance, Nagui, c'est un woke".
Ce débat intervient au moment où France Télévisions a tout récemment décidé de demander aux producteurs de limiter au maximum l'emploi d'animaux sur les tournages, en les remplaçant par exemple par des images de synthèse ou des banques d'images, indique l'AFP. "En tant que service public de l'audiovisuel, nous avions une responsabilité d'agir en premier", a expliqué à l'AFP le directeur du cinéma de France Télévisions Manuel Alduy, pour qui la protection animale restait jusqu'à présent dans "un angle mort" du secteur. Un premier pas salué par les associations PAZ et la Fondation 30 millions d'amis, qui espère que "les autres chaînes suivront".