Et de trois ! Ce lundi, à 20h, Emmanuel Macron tirera les conclusions du Grand débat au cours d'une allocution télévisée qui sera retransmise sur TF1, France 2, M6 et sur les chaînes d'information. Ceux qui la visionneront pourront avoir un air de déjà vu puisqu'il s'agit de la troisième allocution du président de la République en moins de six mois. Hors voeux du 31 décembre, il s'est en effet précédemment adressé aux Français en octobre au soir du remaniement et en décembre, en pleine crise des Gilets jaunes.
Deux allocutions qui avaient été très remarquées. Courte, celle d'octobre avait été très critiquée sur la forme. Le président était apparu assis à une table avec une feuille raturée devant lui. Surtout, l'allocution, suivie par près de 13,5 millions de personnes, avait souffert d'un mauvais éclairage. Emmanuel Macron était en effet apparu dans la pénombre. Deux mois plus tard et sans problème de luminosité, le président s'était exprimé durant treize minutes au cours d'une allocution plus classique sur la forme et surtout très suivie puisqu'elle avait rassemblé un cumul de 23 millions de téléspectateurs, ce qui constitue un record d'audience historique pour une allocution présidentielle.
La périodicité des allocutions présidentielles depuis six mois est remarquable, d'autant que celles-ci ne portent pas sur des sujets régaliens. L'allocution télévisée, instaurée en 1958 par le général de Gaulle, est habituellement un exercice rare. Le fait qu'Emmanuel Macron y ait de nouveau recours tranche avec la première année de son quinquennat au cours de laquelle il avait voulu rompre avec cet exercice très classique. Le président avait au contraire privilégié les interviews. L'Elysée avait d'ailleurs tenté d'innover sur la forme avec une interview accordée à Jean-Pierre Pernaut depuis un village de l'Orne dans le "13 Heures" de TF1 ou encore une interview déambulante avec Laurent Delahousse sur France 2.
Ironie du sort, le clou du spectacle de ces nouveaux formats d'interview était intervenu... il y a un an tout pile. Le 15 avril 2018, en direct depuis le Palais de Chaillot à Paris, le président avait accordé un long entretien à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin, diffusé sur BFMTV et suivi par 3,8 millions de téléspectateurs. Très animé et d'une tonalité inhabituelle, parfois virulente, notamment de la part des intervieweurs, cet entretien à bâtons rompus avait été très commenté. "Elle marque un virage dans la façon dont on interviewe un chef de l'Etat", avait estimé à chaud Nicolas Chapuis, chef du service politique du "Monde". Un an et une grosse crise politique plus tard, c'est donc vers la très classique allocution, mais très efficace pour faire passer un message et des mesures, que le président de la République a une nouvelle fois choisi de se tourner.