L'avocat vivement critiqué par des consoeurs. Dans un courrier officiel, relayé dans un tweet de son associé Antoine Vey hier soir, Eric Dupond-Moretti a saisi le bâtonnier de l'Ordre des avocats après les propos de Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, dans le cadre de l'émission "RTL Soir", présentée par Thomas Sotto le jeudi 27 février dernier. Les deux avocates étaient invitées sur RTL afin de faire la promotion de leur ouvrage "Une défense légitime", aux éditions Fayard.
Au cours du programme radiophonique, Thomas Sotto a évoqué le 145e acquittement décroché par Eric Dupond-Moretti, soulignant que ses deux invitées avaient égratigné le célèbre avocat dans leur livre. "Vous dites que vous n'avez jamais été confrontées à une telle goujaterie. Vous dites même que c'est votre bête noire", a lancé le présentateur de RTL. "Ce qui nous gêne, c'est son manque délicatesse, son manque de sobriété, son manque de modération et de courtoisie à l'égard de confrères", a commencé Janine Bonaggiunta. Et d'ajouter : "Il est, je dirais, lui aussi, violent comme tous les hommes qui approchent les femmes que l'on défend. C'est assez curieux dans la sphère judiciaire que l'on puisse en arriver à de telles extrémités."
Sa consoeur Nathalie Tomasini a ajouté : "Oui, j'irai même au-delà, je pense que c'est un confrère, si je peux l'appeler ainsi, qui fait planer la terreur dans les cours d'assises dans lesquelles il va plaider. Il fait planer la terreur ! Il met pratiquement sous emprise les présidents de cours d'assises, et quelque part il déstabilise les avocats généraux et ses contradicteurs". Selon elle, Eric Dupond-Moretti "prend le rôle du prédateur" et il "considère ses contradicteurs", "en l'occurrence" les avocates, "comme de pauvres femmes". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Ce sont ces propos qui ont conduit Eric Dupond-Moretti a réalisé une saisine "déontologique" auprès de l'Ordre des avocats. "Je dois admettre que les oreilles m'en sont presque tombées", déclare-t-il dans son courrier. Et de poursuivre : "De tels propos, diffusés à une heure de grande écoute sur une radio qui rassemble chaque jour plus de 6 millions d'auditeurs, et qui sont ensuite repris en boucle sur les réseaux sociaux, me causent un important préjudice. Sur le fond, je n'entends pas répondre."
"Mes modestes connaissances en la matière me font penser que ces faits sont graves, puisque j'ai récemment défendu l'un de nos confrères qui a été sanctionné par le conseil de l'Ordre pour avoir tenu des propos nettement moins outrageants", enchaîne l'ancien conseil de Georges Tron, Jérôme Cahuzac et, entre autres, Patrick Balkany. Et d'ajouter : "Si être violent, c'est dénoncer le comportement de deux avocates qui hystérisent le procès pénal, si être violent, c'est leur rappeler que le militantisme n'a rien à faire dans l'enceinte judiciaire, si être violent, c'est leur faire constater (...) qu'elles ne connaissaient pas une ligne de leur dossier (...), alors, oui, il est possible que je sois violent."