Eric Dupond-Moretti veut renforcer le secret professionnel des avocats. Interrogé aujourd'hui par "Le journal du dimanche", le nouveau garde des Sceaux du gouvernement Castex a tracé les grandes lignes de son mandat de ministre qu'il veut "ni laxiste" "ni ultra-répressif". Déclarant vouloir "réconcilier les Français avec leur Justice", l'ex-avocat a à cette occasion été interrogé sur le désir qu'on lui prête de vouloir davantage protéger le secret de l'instruction, notamment des immixtions de la presse.
Ne répondant pas directement à la question, Eric Dupond-Moretti a commencé par déclarer : "Quand une démocratie devient une dictature, les premières cibles sont les journalistes et les avocats. Je suis très respectueux du travail de la presse et du secret des sources". Il a ensuite ajouté : "Mais le fait que le secret professionnel des avocats ne soit plus protégé me désespère. J'entends y remédier. Je souhaite qu'une réflexion s'engage sur ces questions. J'y associerai évidemment les journalistes".
Eric Dupond-Moretti a dans sa précédente vie d'avocat eu des relations avec les médias régulièrement tendues. Lors du procès de Patrick Balkany dont il défendait les intérêts, en septembre dernier, il avait ainsi dénoncé un "acharnement journalistique". Il en avait profité pour critiquer de nouveau le travail de "Mediapart", l'une des cibles régulières de ses reproches.
Après la publication par le site d'Edwy Plenel d'enregistrements sonores privés d'Alexandre Benalla en février 2019, Eric Dupond-Moretti avait ainsi jugé les méthodes de "Mediapart" "indignes, dégueulasses et staliniennes". "Au nom de la morale publique, et avec les nouveaux juges, ces gens-là ont tué le secret de l'instruction (...) Le journalisme d'investigation ne justifie pas tout", avait estimé à l'époque le nouveau ministre de la Justice dans une interview à "Causeur". Reste maintenant à savoir si "Mediapart" sera associé à la future réflexion que le garde des Sceaux entend mener en matière de protection du secret professionnel des avocats.