"Indignes, dégueulasses, staliniennes". Voilà comment Eric Dupont-Moretti qualifie les méthodes de travail de "Mediapart". Le site d'information d'Edwy Plenel fait la Une de l'actualité depuis la perquisition avortée dont ses locaux ont été la cible le lundi 4 février. Cette venue des forces de l'ordre intervenait quelques jours après la publication, le 31 janvier, d'une enquête sur l'affaire Benalla dans laquelle "Mediapart" publiait des enregistrements sonores d'une conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, ex-responsable de la sécurité de La République en marche. Dans cette affaire de perquisition avortée, "Mediapart" a reçu le soutien d'une trentaine de sociétés de journalistes au nom de la protection du secret des sources.
"De l'enfumage", selon l'avocat Eric Dupont-Moretti, qui s'en prend au site d'information dans une interview accordée au magazine "Causeur". "On ne demande pas à Plenel de dire qui lui a donné cet enregistrement, mais on est bien obligé de se demander où et dans quelles conditions on utilise des moyens de basse police. En tout état de cause, il est aussi indigne de le diffuser que de le réaliser. Je respecte infiniment le secret des sources, mais je n'oublie pas le secret professionnel de l'avocat et du notaire, ni le secret de la vie privée", a expliqué l'avocat. Et de continuer à pilonner le site d'information : "À chaque fois qu'on attaque leurs méthodes, ils se drapent dans leur insupportable prétention à dire la morale publique. Eh bien, nous n'avons pas la même conception de la morale, j'ai envie de pouvoir continuer à dire des conneries au bistrot sans être enregistré. Je me demande la tête que ferait Plenel si j'enregistrais ses conversations", a attaqué Eric Dupont-Moretti.
L'avocat de Jérôme Cahuzac, dont la chute a été provoquée par une enquête de "Mediapart", a poursuivi : "Je me fiche de l'affaire Benalla, je ne la connais pas et je ne veux pas la commenter. Mais je n'ai pas envie de vivre dans une société où, quand je prends un verre avec un type dans un bistrot, je suis susceptible d'être enregistré de manière crapoteuse et de voir ensuite cet enregistrement diffusé par monsieur Plenel qui depuis vingt ans se plaint à juste raison d'avoir été écouté par François Mitterrand", a-t-il ajouté. Et de conclure : "Ces méthodes sont indignes, dégueulasses, staliniennes, toute la presse devrait être vent debout contre elles. Du reste, j'ai le sentiment qu'elles indisposent pas mal de vos confrères".