"Maison de fous", "violence extraordinaire", "supplice chinois"... Depuis maintenant près de 10 jours, c'est peu dire que le silence assourdissant d'Arnaud Lagardère sur le sort réservé à Europe 1 déstabilise les équipes de la radio de la rue François Ier. Pourtant rendus philosophes par les soubresauts réguliers d'une maison réputée compliquée, les salariés ne s'attendaient toutefois pas à vivre une telle situation. Depuis 10 jours, ils sont ainsi sans nouvelle de leur président alors même que l'ensemble de la presse claironne l'imminence d'un énième big bang à Europe 1, sans démenti officiel de la maison mère.
Le premier coup de canon a été tiré par le "Parisien" le 15 avril dernier, soit quatre jours avant la publication d'une nouvelle vague d'audience. Dans son article, le quotidien laissait entendre que du changement pourrait intervenir très rapidement à la tête d'Europe 1. Sur la sellette, Frédéric Schlesinger, qui devrait être remplacé par Laurent Guimier, directeur des antennes de Radio France. Egalement visé, le matinalier Patrick Cohen, qui payerait là ses mauvaises audiences. Les deux hommes, débauchés à grands frais par Arnaud Lagardère la saison dernière, s'étaient pourtant vu promettre un bail de trois ans afin de relever la station...
"C'est comme dans le film 'Un jour sans fin'...", préfère-t-on ironiser en interne, désabusé par ces changements incessants de caps et de capitaines, sans pour autant regretter l'éventuel départ d'une direction qui a souvent déçu. La maison mère, elle, préfère à l'époque garder officiellement le silence. Une rumeur court au sein des rédactions qu'Arnaud Lagardère pourrait prendre la parole au moment de la publication de la nouvelle vague d'audience, prévue quatre jours plus tard.
Ce jeudi 19 avril, Arnaud Lagardère brille de nouveau par son mutisme. Plusieurs titres de presse reprennent pourtant au même moment l'idée d'un limogeage imminent de la direction d'Europe 1 et de son matinalier. Le nom de Laurent Guimier revient encore avec insistance. Dans les jours qui suivent, de nouveaux noms de la future équipe fuitent dans la presse à l'image de celui de Frédéric Jouve qui pourrait prendre la direction des programmes à la place d'Emmanuel Perreau, le bras droit de Frédéric Schlesinger. Là encore, celui qui s'est nommé président d'Europe 1 un an auparavant reste coi, laissant ainsi courir les rumeurs.
"Où est Arnaud Lagardère ?", interroge, dépité, un journaliste. "Mais qu'est-ce qu'il attend ?! Il faut envoyer un signal !", s'agace un autre, soulignant la situation délicate dans laquelle sont placées les équipes de la station, notamment du côté de la régie. "Ce silence radio, ce n'est pas de l'incompétence, c'est du foutage de gueule !", s'emporte même un salarié.
Du côté de la direction d'Europe 1 annoncée partante, c'est là aussi la grande muette. "C'est le train fantôme", persifle un salarié hostile à propos d'une équipe qui ne sait toujours pas à quelle sauce elle va être mangée. "Schlesinger a tenté de joindre Arnaud Lagardère mais n'a eu aucune nouvelle", croit savoir un proche du DG d'Europe 1 travaillant pour un groupe concurrent. Selon nos informations, les ponts auraient même été définitivement coupés entre l'actuelle direction d'Europe 1 et Arnaud Lagardère depuis plusieurs mois. "Ils ont lâché l'affaire à la fin de l'année dernière", tranche un observateur bien informé, révélant que Lagardère aurait coupé les budgets de communication d'Europe 1 dès le mois de janvier.
Dans l'attente de l'inévitable dénouement, les salariés d'Europe 1 en sont réduits à guetter les moindres signes de vie de leur président... sur les réseaux sociaux. D'aucuns scrutent ainsi avec attention le compte Instagram de sa femme, Jade, actuellement en vacances à Miami en famille. Mais sur le réseau social comme ailleurs, Arnaud Lagardère reste pour l'instant aussi invisible que muet. Une situation qui ne pourra pas durer au-delà du 3 mai prochain, date de l'Assemblée générale des actionnaires de Lagardère.
Contactée par puremedias.com, Europe 1 n'a pas souhaité faire de commentaire, pas plus que le groupe Lagardère. Ce dernier fait simplement savoir qu'il "n'a pas prévu de communiquer sur Europe 1 tant que l'analyse des résultats d'audience de la radio ne sera pas achevée", sans préciser à quelle date celle-ci prendra fin.