La décision n'a pas tardé à tomber. Au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par les forces russes téléguidées par Vladimir Poutine, l'Union européenne de radio-télévision (UER) s'est prononcée en faveur du maintien de la Russie dans le concours de l'Eurovision, dont la finale doit se tenir le samedi 14 mai à Turin. Une réponse à la demande d'exclusion du pays dirigé par Vladimir Poutine, formulée ce jeudi par la chaîne publique ukrainienne. Le candidat russe, qui succèdera à Manizha et son impressionnante tenue 100% traditionnelle, n'a pas encore été désigné.
"L'Eurovision est un évènement culturel apolitique qui unit les nations et célèbre la diversité à travers la musique", écrit dans un communiqué l'UER, actuellement présidée par Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions. "Les membres de l'Union européenne de radio‑télévision en Russie et en Ukraine se sont engagés à participer à la compétition cette année à Turin et nous prévoyons d'accueillir les artistes de ces deux pays en mai prochain". Les équipes de l'UER, instance rassemblant 116 organisations de 56 pays, concluent néanmoins en indiquant qu'ils continueront à "analyser de près la situation".
Dans un courrier, publié hier, la chaîne publique ukrainienne UA : PBC demandait à la présidente de l'UER que ses homologues russes, les chaînes publiques Channel One et VDTRK, soient exclues de la plus grande alliance de médias de service public (MSP). Ces deux chaînes russes étaient qualifiées au choix de "porte-parole du Kremlin", "d'instruments de propagande politique financés par l'État russe" ou encore "d'être un élément moteur de la guerre de l'information du gouvernement russe contre l'Ukraine et le reste du monde civilisé".
Depuis le courrier de la chaîne ukrainienne et la réponse de l'UER, au moins un autre pays membre de cette union est montée au créneau. SVT, la chaîne publique suédoise, a demandé à l'UER de "réfléchir à nouveau" à sa décision : "J'apprécie l'idée de base d'un Eurovision qui serait un événement non-politique. Mais la situation en Europe est extrêmement grave avec l'invasion de la Russie par l'Ukraine", a écrit Hannah Stjärne, directrice de SVT, dans un communiqué envoyé au "Göteborgs-Posten". Une position partagée depuis par plusieurs chaînes publiques (Danemark, Norvège, Pays-Bas), dont la chaîne publique danoise DR, qui juge que la Russie ne "peut pas participer dans de telles circonstances". En Finlande, la chaîne YIe a menacé de boycotter le concours en cas de participation de la Russie.
Bien que l'UER qualifie l'Eurovision d'événement "culturel apolitique", le concours, depuis des années, est la caisse de résonance des tensions géopolitiques entre Moscou et Kiev. Pas plus tard que la semaine dernière, Alina Pash, candidate ukrainienne à l'Eurovision 2022, a été contrainte de renoncer au concours. Sa faute ? S'être rendue en Crimée, ce territoire ukrainien annexé par la Russie en 2014, alors que l'Ukraine interdit aux candidats représentant ses couleurs de voyager en Crimée ou en Russie depuis 2019.