Fallait-il donner la parole à Farid Benyettou, ex-mentor des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, et ancien "émir" autoproclamé de la filière terroriste dite "des Buttes-Chaumont" ? La question continue de susciter de vifs remous depuis que Thierry Ardisson a reçu celui qui se proclame désormais comme "repenti du djihad" samedi dans "Salut les Terriens !".
Sur le plateau, l'homme, accompagné de la très controversée Dounia Bouzar, fondatrice d'un centre de dé-radicalisation contesté, avait admis être "co-responsable" des attaques de Charlie Hebdo avant d'arborer un badge "Je suis Charlie". Cette séquence a suscité une vague d'indignation conduisant notamment deux sénateurs, Nathalie Goulet (UDI) et André Reichardt (LR) à saisir le CSA pour "atteinte à la dignité des victimes". Ils dénoncent notamment "un passage promotionnel indécent et scandaleux" deux ans tout juste après l'attaque qui a fait douze morts et onze blessés.
Cinq jours après la diffusion de cette séquence, les réactions continuent de s'enchaîner. Sur Twitter, Laurent Baffie, sniper de "Salut les Terriens !" et ami proche de Thierry Ardisson a avoué regretter "d'avoir serré la main du mec qui est à l'origine de la tuerie de Charlie" estimant qu'il aurait "dû partir" du plateau. Dans la foulée, l'urgentiste Patrick Pelloux, ancien membre de la rédaction de "Charlie Hebdo", s'est dit "scandalisé" par l'attitude de Thierry Ardisson "qui a donné une tribune à celui qui est à l'origine de la mort de (ses) amis" avant de promettre qu'il ne participerait "plus jamais" à "Salut les Terriens !".
Face à la polémique, montée crescendo au cours des derniers jours, Thierry Ardisson, lui, assume ouvertement l'invitation faite à Farid Benyettou. Sur le plateau de son talk-show samedi, il prévenait déjà qu'il fallait "inviter" et "écouter" le prétendu repenti pour que "les téléspectateurs se fassent une idée". Interrogé en début de semaine par "TV Mag", l'homme en noir a maintenu ses propos, estimant que cette invitation "n'était pas une provocation" et qu'il ne voulait pas "s'ériger en censeur ou en moralisateur".