Le 23 avril dernier, le CSA élit d'une courte majorité Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions. Une nomination surprise puisque l'ancienne numéro 2 d'Orange ne faisait pas partie des favorites, contrairement à Marie-Christine Saragosse par exemple.
Ce matin, Médiapart publie une longue enquête, signée par Laurent Mauduit, sur les irrégularités du processus de nomination contesté. La révélation la plus étonnante concerne le projet de l'heureuse élue. Selon Médiapart, l'équipe de la nouvelle patronne de l'audiovisuel aurait été inspirée par le projet de Didier Quillot. En effet, l'ancien patron de la branche Médias du groupe Lagardère, candidat malheureux au poste, a envoyé par erreur mi-mars un mail contenant son projet de 92 pages à Xavier Couture, ancien patron de TF1 et Canal+, passé par Orange, qui a aidé Delphine Ernotte à préparer son dossier de candidature.
Un mail que Xavier Couture a assuré à Didier Quillot ne pas avoir reçu. Mais Médiapart s'amuse à relever les nombreuses similitudes entre les deux projets (eux-même fortement inspirés du rapport de Sylvie Pierre-Brossolette et du rapport Schwartz sur l'avenir de France Télévisions, publiés respectivement par le CSA et par le Gouvernement).
"Cette histoire de dossier transféré est grotesque: d'abord parce que Delphine ne l'a jamais vu et surtout parce que ce serait faire injure à mes compétences que d'imaginer que je puisse avoir besoin du dossier de Monsieur Quillot pour réfléchir à la problématique FTV. J'ai eu quelques responsabilités dans ce métier et je supporte difficilement ces insinuations. Tout cela est insultant pour moi et je ne peux malheureusement rien pour guérir les souffrances d'ego de ce Monsieur", a répondu Xavier Couture à Médiapart.
A noter que l'enquête fustige aussi la grande influence dans ce dossier de David Kessler. Ce dernier, ancien du CNC, du CSA, de Radio France et de France Télévisions, qui a travaillé à l'Elysée comme conseiller culture et communication de François Hollande vient de rejoindre Orange pour diriger la filiale cinéma. Il aurait une forte influence sur Olivier Schrameck, le président du CSA. Le rôle de Sylvie Pierre-Brosolette, membre du CSA, qui a voté pour Delphine Ernotte est également décortiqué.