Le rachat de la chaîne Numéro 23 par le groupe NextRadioTV (RMC, BFMTV) d'Alain Weill continue de faire des vagues. Alors que le Sénat a adopté la semaine dernière un amendement à la loi Macron qui prévoit le quadruplement de la taxe sur les cessions de chaînes, c'est au tour de Frédéric Mitterrand de critiquer sévèrement la vente de la chaîne lancée en décembre 2012 et qui appartenait jusqu'ici à Pascal Houzelot.
"On se scandalise toujours pour les mêmes petites raisons mais personne ne s'étonne de ce que Pascal Houzelot, à qui le CSA attribuait gratuitement et pour deux ans une fréquence pour Numéro 23, revende sa chaîne le jour J de la fin de son bail et empoche 90 millions d'euros. Là, il y a de quoi se plaindre", déclare l'ancien ministre de la Culture dans une interview à TV Magazine. Agacé, Frédéric Mitterrand qualifie la transaction financière de "vrai braquage". "C'est un scandale insensé !", ajoute-t-il.
En avril, ce sont les patrons des trois grands groupes audiovisuels privés qui ont fait part de leur profond agacement. "Ce projet nous apparaît comme étant extrêmement choquant", ont écrit Nonce Paolini pour TF1, Bertrand Méheut pour Canal+ et Nicolas de Tavernost pour M6 dans un courrier au CSA. "Il nous semble que cette opération s'inscrit purement et simplement dans une approche de spéculation sur des fréquences qui relèvent du domaine public et font l'objet de contreparties que l'intéressé n'a jamais remplies", ont-ils ajouté, dénonçant une "'fraude' caractérisée à la loi audiovisuelle" et "une forme de tromperie".
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Véronique Cayla, la présidente d'Arte, s'est également dit "choquée" par cette revente. "Les fréquences sont un espace public, je trouve choquant qu'on puisse faire des fortunes aussi rapidement. Il y a quelque que chose qui me paraît immoral même si c'est légal. Dans le contexte économique actuel, c'est difficile à expliquer", a-t-elle déclaré.