La revente de Numéro 23 par Pascal Houzelot à NextRadioTV fait beaucoup parler. Obtenue gratuitement suite à l'appel d'offres pour la TNT HD lancé par le CSA en 2011, la chaîne vaut aujourd'hui 90 millions d'euros. Une opération financière importante pour Pascal Houzelot, et dénoncée par de nombreuses voix. Rachid Arhab, membre du CSA lorsque les Sages ont choisi le projet de cette chaîne officiellement tournée vers la diversité, a ainsi haussé le ton dans une interview au Parisien.
"La diversité de cette chaîne n'a été qu'un prétexte pour obtenir la fréquence. L'unique objectif des porteurs de ce projet était de planifier une belle opération financière", a-t-il dénoncé, assurant que sept de ses camarades de l'époque "se sont fait manipuler". Dans "Médias le mag", Véronique Cayla, présidente d'Arte, s'est dit "choquée" par cette revente. "Les fréquences sont un espace public, je trouve choquant qu'on puisse faire des fortunes aussi rapidement. Il y a quelque que chose qui me paraît immoral même si c'est légal. Dans le contexte économique actuel, c'est difficile à expliquer", a-t-elle déclaré.
Et cette fois, ce sont les patrons des trois grands groupes audiovisuels privés qui prennent la parole. Nonce Paolini pour TF1, Bertrand Méheut pour Canal+ et Nicolas de Tavernost pour M6 ont en effet envoyé un courrier au CSA la semaine dernière, le 10 avril, pour dénoncer l'opération financière sur le canal 23, comme le révèlent nos confrères de Challenges. "Ce projet nous apparaît comme étant extrêmement choquant", dénoncent les trois patrons, listant plusieurs griefs à l'encontre de Pascal Houzelot.
Les dirigeants de TF1, M6 et Canal+ assurent ainsi dans leur courrier envoyé à Olivier Schrameck que, "dès sa candidature", Pascal Houzelot avait pour ambition de revendre la chaîne et aurait ainsi fait le tour des groupes audiovisuels au cours des derniers mois. De plus, tous trois accusent le patron de Numéro 23 d'avoir "délibérément choisi de ne pas respecter ses obligations de diffusion, de sorte que son audience puisse capitaliser notamment sur certains programmes américains forts en première partie de soirée".
"Il nous semble que cette opération s'inscrit purement et simplement dans une approche de spéculation sur des fréquences qui relèvent du domaine public et font l'objet de contreparties que l'intéressé n'a jamais remplies", poursuit le trio de patrons de groupes privés, dénonçant une "'fraude' caractérisée à la loi audiovisuelle" et "une forme de tromperie". "Nous nous réservons la possibilité de faire valoir nos droits si cette opération venait à se confirmer", concluent Nicolas de Tavernost, Bertrand Méheut et Nonce Paolini, demandant à "être entendus ensemble" par les Sages.
La réponse d'Alain Weill, patron de NextRadioTV, ne s'est pas faite attendre. "Je trouve choquant que le cartel de l'audiovisuel se constitue pour empêcher un nouvel entrant de se développer, comme cela a pu se faire dans le secteur de la radio. Si l'acquisition est menée à son terme, nous pèserons 4% du marché publicitaire télévisé : c'est très peu. Ce cartel escompte faire respecter des règles qu'il impose lui-même au secteur audiovisuel, en mettant le CSA sous pression", a-t-il déclaré à Challenges.