Embuscade. Une équipe de reporters de la chaîne britannique Sky News a littéralement été prise pour cible par "une équipe de saboteurs russes" ce lundi 28 février, alors qu'elle rendait compte, selon les images de son reportage diffusé ce vendredi 4 mars, de la situation dans les environs de Kiev, en Ukraine. Le caméraman, Richie Mockler, et le correspondant de la chaîne, Stuart Ramsay, ont été touchés par les balles.
Dans la vidéo, publiée sur le site internet de la chaîne et disponible ici, une détonation se fait d'abord entendre. Puis un pneu de la voiture, depuis laquelle les cinq journalistes filment la ville située à quelques dizaines de kilomètres de Kiev, éclate subitement. Sur le site internet de Sky News, Stuart Ramsay raconte la suite de cette embuscade : "Nous avons roulé autant que possible. Et puis notre monde a basculé. Le premier coup a fissuré le pare-brise. Notre cameraman Richie Mockler a été atteint, mais sans gravité, et s'est blotti dans le plancher du passager avant. Ensuite, nous étions en pleine attaque".
L'équipe de journalistes a beau crié à plusieurs reprises à l'attention de ses agresseurs, qu'elle exerce ici son métier, les tirs sont nourris plusieurs dizaines de secondes. Stuart Ramsay est touché à deux reprises : "Les balles cascadaient dans toute la voiture, les traceurs, les éclairs de balles, le pare-brise, les sièges en plastique, le volant et le tableau de bord se sont désintégrés", décrit-il.
Les journalistes ont finalement abandonné la voiture et sont partis en courant vers des habitations. Ils sont finalement parvenus à se réfugier dans les locaux d'une usine. "Nous avons eu beaucoup de chance. Mais des milliers d'Ukrainiens meurent, et les Russes visent des familles. Nous étions dans une voiture banale lorsqu'ils nous ont attaqués", a constaté l'équipe, rapatriée depuis au Royaume-Uni.
La guerre de communication s'intensifie sur le front en Ukraine. En guise de réplique à la suspension, ce mercredi 2 mars, des médias financés par la Russie, RT France et Sputnik, dans l'Union européenne, le Parlement russe a adopté, ce vendredi 4 mars, un texte criminalisant la diffusion "d'informations mensongères" sur les actions des forces armées russes en Ukraine.
Le régime de Vladimir Poutine entend ainsi punir de diverses peines de prison pouvant aller jusqu'à 15 ans les journalistes russes et internationaux ne reprenant pas les dépêches officielles du Kremlin. Dans le cas contraire, ces journalistes seraient considérés comme des émetteurs de fausses informations. Pour ne pas tomber sous le coup de la loi, la radio russe Echo de Moscou a ainsi décidé de se saborder. Du côté des médias étrangers, la BBC a annoncé, hier, qu'au vu du contexte, elle suspendait le travail de ses journalistes en Russie. Depuis, l'agence Bloomberg New et la chaîne américaine CNN ont également mis sur pause l'activité de leurs journalistes présents à Moscou.
Les restrictions ont encore gagné du terrain, hier, lorsque le régulateur russe de l'Internet, Roskomnadzor, a pris la décision de bloquer Facebook en Russie. Le réseau social de Mark Zuckerberg est accusé notamment de "discriminer" des médias russes. "La décision a été prise de bloquer l'accès à Facebook" dès vendredi, a ainsi annoncé Roskomnadzor sur Telegram. Le régulateur russe a également "restreint l'accès" à Twitter. Meta déplorait, hier, cette décision et estime que des "millions de Russes ordinaires seront bientôt privés d'informations fiables".