Maggie Q : "Je suis trop vieille pour faire une série sur les ados !"

En direct de Monte-Carlo. C'est hier soir que le 51ème Festival de Télévision de Monte Carlo a débuté et Maggie Q était déjà au rendez-vous ce matin pour assurer la promotion de la série "Nikita", lancée en septembre dernier sur la petite chaîne américaine CW. La série devrait arriver cet été sur TF1 et puremedias.com a donc profité de l'occasion pour interroger son actrice principale.

Habituée aux plateaux de cinéma, Maggie Q nous explique ce qui l'a poussée à accepter un projet à la télé, sur une petite chaîne qui cible en priorité les adolescentes. La série a d'ailleurs surpris puisque ce n'est pas vraiment ce public-là qu'elle a attiré mais Maggie Q ne regrette rien et dévoile même que les ajustements annoncés pour plaire davantage aux jeunes filles n'ont en réalité pas eu lieu ! Entretien.

C'est la première fois que la chaîne CW diffuse une série dont les héros ne sont pas des adolescents, des vampires ou des enfants gâtés. Pensez-vous que le renouvellement de la série va lui permettre de s'ouvrir un peu plus ?
Oui, je l'espère ! CW, qui diffuse la série aux Etats-Unis, est une chaîne très jeune et très... Comment puis-je dire ça... Superficielle. Les jeunes gens sont très beaux, c'est du pur divertissement mais ça ne t'affecte pas nécessairement. Et quand j'ai entendu que Warner Bros. s'alliait à CW pour faire cette série, je me suis dit que c'était intéressant parce que la chaîne n'avait jamais tenté ce type d'aventures.

Vous parlez du côté sombre de la série ?
Oui, j'adore ça. A la télévision, il y a tellement de bonnes choses, tellement de personnages bien écrits et riches et je voulais que la série s'inscrive là-dedans. On a les scénaristes pour faire ce type de séries et je ne pense pas qu'on ait besoin d'autre chose pour que ça fonctionne. Il y a plusieurs formes de divertissement mais je pense que je suis trop vieille pour faire une série sur les adolescents ! (Rires) Je serais sans doute leur professeur ou la jeune mère de l'un d'entre eux ! (Rires) Donc participer à une série plus mature et plus sombre, ça me correspond parfaitement.

Justement, au début de la saison on a pu lire que la série avait un public trop masculin pour la chaîne et que des ajustements allaient être faits...
En fait, on n'a rien changé du tout...

Pourtant ça avait été annoncé par la chaîne... ?
Oui, ça arrive à Hollywood ! (Rires) Les gens disent une chose et font le contraire. En termes d'ajustements, je ne sais pas de quoi ils parlent. On a pu faire la série qu'on voulait faire peu importe la chaîne sur laquelle on est, ce qui est une bonne chose. Dans la première saison, on doit toujours trouver ses marques, c'est normal, et je trouve que la première moitié de notre saison était un peu deux séries différentes, puis on a vraiment trouvé quelle série on voulait être.

Dans quel sens la première moitié était-elle deux séries ?
Il y avait des arcs scénaristiques qui étaient un peu adolescents - ce qui est très bien ! - et des arcs plus adultes, dans lesquels Nikita était impliquée. Je pense que ça se comprend si on essaie d'attirer absolument tous les publics. Mais ce qui me pose problème chez une chaîne qui dit "Voici la cible qu'on veut et on ne veut qu'elle", c'est qu'on doit faire notre série avec l'intégrité et la profondeur nécessaire, et selon moi on aura le public en fonction de ça. Je sais bien qu'ils ont des annonceurs et des gens auxquels ils doivent rendre des comptes, mais je ne peux pas faire une série pour des filles de 13 ans et des hommes de 40 ans. Désolée ! (Rires) Mais personne ne peut le faire, c'est impossible. Donc on est parti en se disant "Trouvons nos marques, notre ton et notre style et on trouvera notre public".

Ca a un sens de faire une série spécifiquement pour tel ou tel public, selon vous ?
Je pense que parfois ça peut marcher, mais généralement on ne sait pas trop. Je pense que Nikita a beaucoup surpris CW, et qu'ils se sont dit "Bon, on a toujours plus ou moins nos filles de 15 ans, mais on a aussi des hommes de 50 ans, aaaaaaah!" (Rires). Je pense qu'ils ont un peu paniqué parce qu'ils n'ont pas eu l'audience qu'ils disaient qu'ils voulaient atteindre, mais je pense qu'on a amené un public qu'ils ne pensaient pas pouvoir atteindre. Je pense que c'est une bonne chose. On ne peut pas gagner sur tous les plans, il faut bien perdre un peu d'un côté ou d'un autre.

La série est basée sur le film de Luc Besson, qui a eu une suite et même fait l'objet d'une première série. Avez-vous vu les films ou la série ?
Je n'ai vu que le premier film. Je pense que c'est le seul qui ait de l'importance parce que celui qui crée le personnage est toujours l'inspiration la plus intéressante.

Et quelle est la différence majeure selon vous entre le film et votre série ?
C'est très différent même si c'est basé sur le même personnage. Elle a le même passé, celui d'une ado à problèmes, adoptée et maltraitée, qui a été dépendante de la drogue, elle a commis un meurtre qui l'a envoyée en prison pour être exécutée, elle a été sauvée par une agence qui l'a entraînée pour devenir un assassin. On va modifier certains détails dans la saison 2 mais ce qui m'a intéressé dans la série - parce que je n'ai jamais fait de télé, je n'ai jamais voulu en faire avant - c'est qu'on s'intéresse à l'avenir de Nikita. La série commence plus ou moins là où le film s'arrête. Ca n'est jamais été fait avant. Le remake américain, la série, c'était une adaptation de la même histoire, en langue anglaise ! Ce qu'on a fait ici n'a rien à voir avec ce qui a été fait.

C'est-à-dire ?
Eh bien ici on suit Nikita qui se retourne contre l'agence. La plus grande partie de sa vie lui a été imposée, elle n'a pas eu de choix, et là elle prend enfin les choses en mains. Elle est libre de prendre ses décisions et ce que je trouve très poétique mais aussi très triste et très sombre, c'est que les décisions qu'elle prend l'enferme à nouveau. Elle est sortie de l'agence gouvernementale, elle est sortie de prison, elle n'est plus dans ce foyer difficile, elle n'est plus dans la rue, elle n'est plus dépendante à la drogue. Mais elle se met métaphoriquement dans une autre prison parce qu'elle est guidée par la vengeance. Ce n'est pas la voie à suivre, selon moi. Je ne le recommande à personne ! C'est intéressant de voir qu'elle fait tout pour s'en sortir et qu'elle y retourne. C'est une question d'habitude je suppose, elle ne connaît rien d'autre que la lutte.

Vous faites vos propres cascades, c'est ça ?
Oui, au grand désarroi de Warner Bros. ! (Rires)

Pour des questions d'assurance ?
Oui, ils n'arrêtent pas de me dire "Mon Dieu, Maggie..." ! Il y a une scène dans le dernier épisode de la saison 1, qui était un hommage au film d'ailleurs, dans laquelle Nikita court dans un tunnel et elle est poursuivie par les flammes. Et pendant les répétitions, on trouvait que les flammes étaient trop petites. Et on n'arrêtait pas de me dire que ma doublure pouvait le faire, mais je refusais ! Ca n'aurait pas rendu aussi bien si on ne voyait pas mon visage. Ma doublure me sert à mettre tout en place avant que je tourne, pendant que je prépare les scènes et pour que je garde mon énergie quand ça tourne, mais pas pour me remplacer devant la caméra. Donc ils ont fait augmenter les flammes, et quand on a tourné tout s'est bien passé. Mais quand la scène a été filmée, alors que j'étais en train de me dire "C'était fun, je ne suis pas morte !", j'ai senti cette odeur horrible. J'ai regardé partout, ce n'était pas mes cheveux, Dieu merci ! C'était la semelle de mes chaussures qui avait fondu ! Quand le producteur a vu ça, il a tourné la tête et m'a dit "Je n'ai rien vu et ne refais plus jamais ça" et il est parti. (Rires)

Vous n'avez jamais été blessée ?
Si... Ca fait deux mois qu'on a arrêté de tourner et mes mains sont à peine remises. Je pense que je me suis blessé à chaque doigt ou presque, mais je n'ai rien cassé, Dieu merci ! Mais j'ai déchiré des muscles qui ne se répareront jamais, j'ai un problème d'audition à l'oreille droite depuis plusieurs années suite à un tournage, mais ce n'est rien, je fais ça depuis très longtemps ! J'ai beaucoup de chance de ne rien avoir eu de pire !

Parlons un peu de l'affiche promotionnelle de la série (voir notre illustration, ndlr)... Que ressentez-vous quand vous la voyez ?
Je ne sais pas qui c'est ! (Rires) C'est vrai que la pose est très sexy mais ce n'est que de la pub. Ca ne représente pas la série. Si je participais à une série qui n'a aucune substance, qui n'a que ça à offrir, alors ça me gênerait sans doute. Mais ce n'est qu'une campagne de pub, comme pour du café ou du dentifrice. Ils mettent en avant quelque chose qui va attirer l'attention des gens et je les comprends. Mais on fait quelque chose de très différent dans la série donc je leur donne ça.