Jacqueline Sauvage est morte. Selon une information du quotidien "La République du Centre", citant Maître Nathalie Tomasini, l'une de ses avocates, Jacqueline Sauvage est décédée le 23 juillet à l'âge de 72 ans à son domicile de La Selle-sur-le-Bied, dans le Loiret. Ses obsèques se sont déroulées mardi 28 juillet dans la plus stricte intimité. "Je suis choquée et triste. Jacqueline Sauvage a été un symbole pour toutes les femmes", a déclaré Maître Nathalie Tomasini, ne révélant pas les circonstances de la mort de sa cliente, à la demande de ses proches.
"L'affaire Jacqueline Sauvage" a défrayé la chronique de la décennie 2010. En octobre 2014, cette sexagénaire avait été une première fois condamnée pour meurtre par la Cour d'assises du Loiret, à 10 ans de réclusion par un jury populaire paritaire. Elle avait ainsi été reconnue coupable d'avoir abattu en 2012, au fusil de chasse et de trois balles dans le dos, son mari Norbert Marot, qui l'avait violentée pendant plusieurs décennies. Jacqueline Sauvage avait de nouveau été condamnée en 2015 à la même peine par un jury populaire de la cour d'appel de Blois.
Dès lors, les avocates de Jacqueline Sauvage, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, n'avaient eu de cesse de se battre judiciairement et médiatiquement pour obtenir la libération de leur cliente, devenue au gré de ses procès le symbole des violences faite aux femmes. Tout au long de son incarcération, Jacqueline Sauvage a ainsi pu bénéficier du soutien de plusieurs personnalités publiques telles qu'Eva Darlan, Annie Duperey ou Muriel Robin.
Le 31 janvier 2016, le président de la République, François Hollande avait accordé une grâce partielle à Jacqueline Sauvage, lui permettant de solliciter sans délais une remise en liberté conditionnelle. Deux demandes en ce sens de Jacqueline Sauvage avaient finalement été rejetées par la Justice, cette dernière estimant que la prisonnière ne s'était pas assez interrogée sur son acte et demeurait dans une "position victimaire". Finalement, le 28 décembre 2016, François Hollande lui avait accordé une grâce totale, permettant sa libération.
Au gré de ce feuilleton judiciaire, Jacqueline Sauvage était devenue un personnage médiatique. Elle s'était notamment rendue sur le plateau du "20 Heures" de Laurent Delahousse, sur France 2, juste après sa libération, affirmant à cette occasion : "Je ne suis pas du tout coupable". Jacqueline Sauvage avait ensuite sorti en 2017 un livre intitulé "Je voulais juste que ça s'arrête", inspirant par la suite "Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi", un téléfilm diffusé sur TF1 en octobre 2018. Réalisé par Yves Rénier, avec Muriel Robin dans le rôle principal, cette fiction avait été un immense succès d'audience, réunissant 7,67 millions de téléspectateurs en audience veille, soit 33,5% du public et 40,3% des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans.
Sa diffusion n'en avait pas moins suscité la polémique, d'aucuns critiquant le manque de nuances de ce téléfilm. Frédéric Chevallier, avocat général lors du procès en appel de Jacqueline Sauvage, avait profité de l'occasion pour critiquer sévèrement dans une tribune au "Monde" le récit de "l'affaire Jacqueline Sauvage" fait par les médias.