En grand amateur de noble art, Charles Bietry a commenté des dizaines de combats de boxe, mais sait le sien perdu d'avance. Atteint de la maladie de Charcot, l'ancien journaliste sportif, aujourd'hui âgé de 81 ans, se prépare à la fin de sa vie dans sa maison de Carnac, en Bretagne, où il accueilli les équipes de "Sept à huit". Son témoignage bouleversant a été diffusé sur TF1 ce dimanche 26 janvier dans "Le portrait de la semaine" et a pu être réalisé grâce à l’intelligence artificielle, puisque l'ancien directeur des sports de Canal+ a perdu l'usage de la parole. Mais le recours à la technologie, qui a retranscrit ses réponses préalablement écrites à l’ordinateur, n'a pas altéré la puissance du message de celui qui a déjà programmé son ultime voyage dans le pays où la mort assistée est légale. "Aller me suicider en Suisse n’est pas le rêve de ma fin de vie", a-t-il notamment confié, les yeux humides plongés dans ceux d'Audrey Crespo-Mara.
Même s'il est conscient que ce mal incurable ne lui laisse que "quelques semaines ou mois à vivre", Charles Bietry se veut accrocheur, fidèle à son tempérament de breton. "Je sais que je vais perdre un jour, mais pour ceux qui m’entourent, pour mon kiné, pour les autres malades, je dois me battre et les Bretons, c’est vrai, sont un peuple qui n’abandonne jamais", a-t-il indiqué, consacrant ses forces restantes à ses derniers moments sur Terre avec ses proches. "C’est déjà dur de mourir, mais alors mal mourir, c’est double peine", consent l'ami de Michel Denisot, lequel attend un "sursaut des gouvernants" sur le projet de loi relatif à "l'accompagnement des malades et de la fin de vie". Présenté en Conseil des ministres au printemps 2024, il n'a pas encore vu le jour et ne cesse d'être reporté. "Souffrir au fond d’un lit d’hôpital, étouffer, ne plus avoir le moindre échange avec ceux qu’on aime et qui ont mal de vous voir espérer la mort, tout en sachant qu’il n’y a pas d’issue, c’est dur. Et quand on entend sur les plateaux de télé ceux qui militent contre notre volonté de partir dans la dignité, ou de choisir librement, c’est abject. Une loi donnerait de la sérénité dans la liberté", plaide Charles Bietry.
Il aimerait ainsi ne pas avoir à franchir la frontière suisse et "avaler l'ultime cachet" auprès "de médecins inconnus", avec l'idée que sa femme et ses enfants reviendraient sans lui. "Plus j’y pense, moins j’ai envie", confesse l'ancien grand dirigeant de médias qui a déjà planifié ce voyage pour une mort assistée. "Si en France les conditions ne sont pas réunies pour une mort douce et à peu près calme, j’irai. Tous les papiers sont signés, le cercle de famille est d’accord", conclut le Breton, qui compte néanmoins "rire jusqu'au bout".