Lundi dernier, l'Autorité de la concurrence a autorisé le rachat par le groupe Canal+ des chaînes du groupe Bolloré, Direct 8 et Direct Star. "Une étape décisive a été franchie", a déclaré Jean-Christophe Thiery, le président de Bolloré Média, dans une interview accordée au Figaro. Alors que le CSA devra se prononcer courant septembre, les patrons des chaînes historiques, et notamment Nicolas de Tavernost, ne cessent de remettre en cause cette opération, inquiets de voir le groupe Canal+ faire son entrée sur le marché de la télévision gratuite.
Le patron de M6 s'est ainsi fermement opposé à ce rachat, appelant même le CSA à interdire la fusion. "Le Conseil peut encore intervenir - c'est son pouvoir et son devoir - pour que les chaînes (...) qui n'ont cessé, comme M6, d'investir depuis vingt-cinq ans ne voient pas leur croissance stoppée et que les six nouvelles chaînes HD, qu'il a choisi de lancer (...) puissent se développer", déclarait-il récemment. Une réaction "choquante" selon Jean-Christophe Thiery qui assure avoir "confiance dans les capacités du CSA à analyser cette opération en échappant aux pressions exercées".
Habitué aux critiques acerbes des acteurs audiovisuels historiques, le patron de Bolloré Média a tenu à souligner que "le groupe Bolloré (avait) été l'un des fers de lance de la TNT auprès du CSA et des pouvoirs publics". "Lorsque nous nous sommes lancés en 2005, peu d'acteurs de l'audiovisuel croyaient aux chances de succès de cette nouvelle offre. À l'époque, TF1 et M6 ont même tout fait pour empêcher la TNT de voir le jour alors que les trois quarts des Français ne pouvaient recevoir que cinq chaînes en clair", explique-t-il. Selon lui, cette opération de rachat est loin d'être une simple "opération financière" mais marque bien le lancement d'un "projet industriel qui doit permettre de poursuivre le développement de Direct 8 et Direct Star".