Jean-Luc Mélenchon déteste les médias. C'est en tout cas ce qu'affirme une nouvelle fois le leader de La France insoumise dans un billet au vitriol publié lundi sur son blog, avec ce titre évocateur : "La semaine où Macron dévisse : bain de boue pour tous". L'agacement de Jean-Luc Mélenchon prend sa source dans les révélations la semaine dernière par la presse, d'anomalies dans ses comptes de campagne, un sujet abondamment traité par les médias. "Pourquoi nous haïssent-ils à ce point ?", commence par s'interroger l'homme politique en parlant des journalistes, avant de déplorer "le "bashing quotidien depuis six mois pleins" subi par les représentants de son mouvement et par lui-même.
"Les neufs milliardaires payent cher pour qu'une armée de plumes et de lecteurs de prompteurs jaspinent dans les micros les derniers ragots qui peuvent être dégainés", assène-t-il en faisant référence aux patrons de la presse française. Une situation dont paradoxalement Jean-Luc Mélenchon reconnaît tirer profit. "L'ampleur de la décomposition morale et professionnelle de ce milieu a même mis à notre disposition un large réseau d'informateurs dans la place. Car les moeurs délétères des principales salles de rédactions rendent aussi l'atmosphère irrespirable en interne", avance-t-il.
Le responsable politique affirme que la médiatisation autour de ses comptes de campagne, "un pur coup monté", est directement liée à la chute de popularité dans les sondages du président de la République. "La meute, avec ou sans coup de fil des chefs suprêmes, se mit en mouvement sur une ligne d'offensive à front de boeuf : 'Notre premier de cordée va mal. Tapons sur les premiers de banc adverses' !", imagine Jean-Luc Mélenchon. Il s'en prend aussi aux radios du service public qui ont été les premières à parler de ses comptes de campagne, notamment le "'service enquête de radio France', nom pompeux pour une équipe de bras cassés, une sorte de CIA médiatique", attaque-t-il. "Selon des sources internes, le coup est parti d'une commande de la hiérarchie", assure le leader de gauche.
L'occasion pour lui de s'en prendre à la profession de journaliste dans son ensemble. "C'est le dernier pouvoir absolu du pays, sans contrepoids ni contre-pouvoir", juge Jean-Luc Mélenchon, qui semble décidé à s'astreindre à une cure médiatique : "Répondre, c'est d'ailleurs ce qu'ils espèrent parfois pour faire 'vivre' leur angle d'attaque. Certains n'attendent que cela pour faire exister l'inexistant". Quelques lignes plus haut, il n'hésite pas à qualifier la presse de "première ennemie de la liberté d'expression", "qui ne se confond pas avec la liberté de 'tout répéter' ni avec le délire névrotique de la transparence absolue que réclament les médias (et qu'ils ne s'appliquent pas à eux-mêmes)", déplore-t-il.
Il va même plus loin : "Si la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine, elle ne doit pas nous empêcher de réfléchir et de penser notre rapport à eux comme une question qui doit se traiter rationnellement dans les termes d'un combat", assure Jean-Luc Mélenchon. Un combat qui l'oppose selon lui au "parti médiatique". "Lui seul mène bataille sur le terrain, en inoculant chaque jour la drogue dans les cerveaux", écrit-il.
Dans ce billet, le responsable de La France insoumise prend aussi la défense de Laurent Wauquiez, pourtant situé à l'autre bout de l'échiquier politique, en tant que patron du parti Les Républicains. Il y a quelques jours, l'émission "Quotidien" sur TMC dévoilait des propos du leader de droite enregistrés à son insu dans une école de commerce, propos qui se distinguaient par leur franc parler. "'L'affaire' est ridicule : trois phrases volées dans une conférence. Mais 'l'affaire' a tenu cinq jours de médias", souligne Jean-Luc Mélenchon. Laurent Wauquiez s'était rendu ensuite sur BFMTV pour s'expliquer et assumer ses propos. "Déjà, Wauquiez a appris l'essentiel : ne pas reculer. Et même prendre appui sur l'effet voulu par la pauvre cloche de journaliste à la manoeuvre", se réjouit l'homme politique.
Et Jean-Luc Mélenchon de faire l'analyse suivante : "Wauquiez a fortifié son autorité et s'est débarrassé d'une nouvelle poignée de traîtres. De son point de vue, il s'est renforcé. Autant de tireurs dans le dos de moins pour le prochain épisode". "Dorénavant, on ne peut plus nulle part parler librement", résume-t-il après avoir très longuement pu exprimer le fond de sa pensée sur son blog.