L'attente a été (très) longue. En ce 8 mars, "La Voix du Nord", comme la majorité des titres de la presse papier, s'est mis au diapason de la journée internationale des droits des femmes en les mettant largement à l'honneur à travers ses pages. Un exercice devenu classique depuis des années dans les médias. Ce qui l'est moins, en revanche pour le quotidien régional, c'est de confier l'écriture de son "Débat du jour", son éditorial, à une journaliste, en l'occurrence Sophie Filippi-Paoli.
Cet édito, consacré à la révolte algérienne en cours, classique sur le fond comme sur la forme, est hautement symbolique, même si la signataire n'y fait pas allusion. C'est quelques pages plus tard, dans la rubrique "De vous à nous" que la rédaction explique que c'est la première fois qu'un éditorial de "La Voix du Nord" est rédigé par une femme depuis... 75 ans, soit depuis la création du journal. "La place des femmes dans nos colonnes s'est affirmée ces dernières années au sein de la rédaction comme une préoccupation - à défaut d'être une réelle priorité", relève "La Voix du Nord".
Le quotidien nordiste consacre même une page entière à ce sujet dans son édition du jour, sous le titre : "Et à 'La Voix du Nord', quelle place pour les femmes ?". L'occasion de communiquer des chiffres détaillés : "en ce début d'année 2019, 249 femmes travaillent à 'La Voix du Nord' sur 606 salariés en CDI, soit 41% du personnel. Elles étaient 43% entre 2014 et 2017". Et le journal de constater que "du point de vue de la hiérarchie, 'La Voix du Nord' ne se démarque guère des entreprises 'classiques'. Sur l'ensemble des chefs et adjoints, tous services confondus, les femmes occupent 25,2% des postes en hiérarchie (46 personnes sur 163) de 'La Voix du Nord', alors qu'elles pèsent 41% des effectifs".
Le directeur de la rédaction de "La Voix du Nord", Pierre Mauchamp, affirme de son côté privilégier la voie du volontarisme plutôt que celle des quotas. "On est en train de rééquilibrer, mais on y est pas encore", reconnaît-il. Concernant les postes à responsabilité, les choses évoluent lentement. "En 2009, il y avait 36 chefs de service, 30 hommes et 6 femmes. Dix ans plus tard, il y a 30 chefs, 20 hommes et 10 femmes", résume Pierre Mauchamp. Récemment, un collectif d'une centaine de journalistes, hommes et femmes, a même vu le jour en interne pour "une plus juste place des femmes dans les colonnes et dans la rédaction".