Simple maladresse, humour mal compris ou propos franchement déplacés ? Dans son édition de la semaine dernière, le magazine "Elle" consacrait trois pages à un article intitulé "40 ans, quel amant ?". La journaliste Florence Trédez tentait de lister, avec un ton très girly, les différents types de relations extra-conjugales qui s'offrent à une quadragénaire. Parmi les options proposées : avoir une amante. "Parce que, si on n'est pas sorti avec une fille à 40 ans, c'est qu'on a raté sa vie", écrit la journaliste.
"Outre une expérience inédite, (avoir une amante apporte) une énorme crédibilité swag auprès de tous vos amis qui se sont rendus, en janvier, à la manifestation pour le Mariage pour tous pendant que, ce dimanche-là, on bullait tranquillement au lit", poursuit le texte. "On peut même devenir le centre des conversations à la machine à café. Et puis avec une fille, on peut facilement s'échanger des beauty tips de vernis ou de rouge à lèvres. De nouvelles perspectives girly s'ouvrent à nous".
Ce papier a totalement déplu aux internautes qui ont réagi (tardivement) sur les réseaux sociaux, et dans les commentaires sous l'article. Sur le site internet du magazine Têtu, une blogueuse dénonce le "caractère homophobe" de l'article. "Chère ELLE, l'homosexualité n'est pas un accessoire fashion, une case à cocher dans sa liste de "trucs de ouf qu'on veut faire avant 40 ans parce qu'on est trop rock 'n' roll t'as vu"", écrit la jeune femme, qui rappelle que nombre de lesbiennes se sentent "rejetées, humiliées et stigmatisées". "Non, être lesbienne ne consiste pas à trouver hyper pratique d'échanger des conseils beauté avec sa copine", poursuit-elle en invitant le lecteur à remplacer, dans l'article, le mot "lesbienne" par "Maliens", "Arabes", "Juifs", "Corses", "SDF", pour réaliser le caractère discriminatoire des propos.
"Les minorités ne sont pas là pour donner à la majorité un frisson exotique lorsque cette dernière a l'illusion d'en faire partie, un très court instant. (...) Coucher avec une femme pour se donner une crédibilité politico-gaucho-bobo-rock'n'roll-engagée-trop-stylée, c'est aussi discriminant que d'aller manifester le 24 mars. C'est peut-être moins voyant, moins méchant, mais c'est aussi stupide", conclut la jeune femme.
Sur son compte Twitter officiel, la rédaction a simplement réagi : "Dites, c'est juste du second degré". Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits. Surtout que ça n'est pas la première fois que le magazine féminin du groupe Lagardère se retrouve au coeur d'une telle polémique. En janvier 2012, Audrey Pulvar avait très vivement réagi à un article du magazine, qui évoquait le style vestimentaire des femmes noires. Sur France Inter, la journaliste s'était montrée très virulente, dénonçant un article "dont la bêtise et l'inanité ne tarderont pas à servir de modèle du genre 'papier de merde' dans les écoles de journalisme".