
Ce nouvel épisode à l'antenne de Franceinfo ne va pas arranger le cas de la chaîne d'actualité en continu. Le canal 27 de la TNT traverse en effet une tempête inédite en raison de plusieurs séquences polémiques qui ont entaché sa réputation. En fin de semaine, les journalistes de la rédaction ont demandé le départ "définitif" de leur directeur, Laurent Delpech, jugé responsable de deux incidents en l'espace de quinze jours. La motion de défiance a été votée à 87 %. "Ce scrutin traduit une colère profonde face à une gouvernance qui, jusqu’ici, n’a pas su répondre aux inquiétudes et aux attentes des équipes", a précisé la rédaction dans un communiqué. Outre ce changement de tête, le syndicat a demandé des mesures éditoriales fortes pour "prendre enfin la mesure des enjeux", alors qu'Alexandra Kara, patron de l'information de France Télévisions, s'est engagé à "redoubler de vigilance" pour enrayer cette spirale négative.
Pourtant, ce dimanche 16 février, les réseaux sociaux ont relayé une nouvelle séquence à charge contre Franceinfo. Dans celle-ci, une "communicante politique", Magalie Vicente, prend pour référence l'intelligence artificielle et l'outil ChatGPT pour commenter l'affaire Betharram, qui pourrait avoir des conséquences politiques sur l'avenir de François Bayrou. Accusé par "Mediapart" d'avoir été mis au courant des violences et agressions sexuelles commises dans l'établissement catholique où était scolarisé ses enfants, le premier Ministre a fermement démenti les faits.
Mais pour Magalie Vicente, qui s'est essayée à l'IA pour éclaircir sa position, il y aurait "une instrumentalisation politique" de la gauche dans ce dossier. "Même si vous demandez à l'intelligence artificielle son avis sur le sujet, elle explique qu'il y a une récupération de l'affaire", estime-t-elle, invitant les uns et les autres à ne pas "se tromper de cible" afin de défendre le chef du gouvernement. Cette intervention avec un argument discutable a été d'autant plus critiquée qu'elle a été émise par une ancienne candidate Les Républicains aux élections législatives en Isère. "Ils font de plus en plus fort dans cette maison bizarre", a réagi Pierre Lescure sous cette vidéo relayée sur X et largement comméntée. D'autres abonnés fustigent l'absence de réaction de la présentatrice du "10h-13h", Camille Grenu.

Cette controverse vient clore la semaine la plus mouvementée de l'histoire de Franceinfo. Deux séquences, fin janvier puis le 5 février, avaient contraint la Société des journalistes de Franceinfo à dénoncer "deux atteintes graves" à la "crédibilité" de la chaîne en l’espace de quinze jours. La première concernait l'apparition d'un bandeau à l'écran "200 otages palestiniens retrouvent la liberté" dont le titre avait été jugé "totalement inapproprié", avec comme conséquence la suspension de son auteur. Deux semaines plus tard, c'est un débat sur la pertinence des projets touristiques que Donald Trump prétend développer à Gaza qui avait provoqué un tollé. Face à l’émotion suscitée, le groupe audiovisuel public avait condamné "une séquence totalement inappropriée et regrettable", supprimée depuis du site de la chaîne.