Ecrire sur soi-même. C'est ce qu'a fait "Le Monde" cette semaine en révélant l'arrivée possible à son capital du Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque qui vient récemment de racheter "Marianne" et plusieurs magazines du groupe Lagardère. Ce dernier est actuellement en négociations exclusives avec Matthieu Pigasse pour racheter une partie des parts de sa société Le Nouveau Monde. Le banquier d'affaires est à la recherche depuis plusieurs mois d'un partenaire financier et souhaite céder entre 40% et 49% de la structure créée pour détenir sa participation dans le groupe Le Monde, qu'il contrôle aux côtés de Xavier Niel.
Le directeur du "Monde", Jérôme Fenoglio, a commenté aujourd'hui dans "L'instant M" de Sonia Devillers sur France Inter ce scoop publié par sa rédaction. "De la position où je suis, j'ai quand même des informations et je voyais venir depuis quelques temps que Matthieu Pigasse cherchait un partenaire. Et je savais aussi depuis l'été que ça pouvait être monsieur Kretinsky. Mais il n'y avait rien de concret là-dessus", a raconté Jérôme Fenoglio, ajoutant que l'accès à une "source extérieure" avait finalement permis au "Monde" de publier l'information concernant ses actionnaires.
Le directeur du "Monde" a ensuite salué l'indépendance du travail de ses journalistes. "Je voudrais saluer au passage la rédaction du 'Monde' qui arrive - et c'est très, très rare - à faire un scoop sur elle-même. D'habitude, les journaux mettent au minimum une semaine pour informer sur leurs péripéties internes. Ils ne sont pas très à l'aise avec cela. Là, nous avons pu révéler les choses", s'est félicité Jérôme Fenoglio.
"Maintenant, on va discuter avec nos actionnaires, Matthieu Pigasse et Xavier Niel lors d'une rencontre la semaine prochaine. On va évidemment discuter avec Monsieur Kretinsky", a annoncé dans la foulée le journaliste. "Je n'ai qu'une inquiétude dans la vie : que l'indépendance du 'Monde' soit remise en cause d'une manière ou d'une autre. L'indépendance du 'Monde' ne se négocie pas, elle ne se fragmente pas, elle ne se réduit pas. Elle est irréversible et c'est un bien commun", a-t-il averti, saluant ensuite l'indépendance totale laissée jusque-là par les actionnaires actuels, Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Jérôme Fenoglio en a par ailleurs profité pour annoncer que son journal allait enquêter sur "qui est ce monsieur Kretinsky".