Dans son rapport "TV Key Facts 2024", RTL AdAlliance identifie plusieurs domaines clés où l'IA va transformer le paysage télévisuel, à commencer par la distribution des contenus. La diffusion repose en effet de plus en plus sur l'IA, via les algorithmes de recommandation et les outils de recherche, notamment.
Par exemple, en France, M6+, la plateforme de SVOD lancée en mai 2024 par M6 (filiale à 48,3% de RTL Group), s'appuie sur l'IA pour proposer une expérience plus personnalisée et permettre aux utilisateurs de mieux naviguer parmi les 30 000 heures de contenus disponibles.
Comme l'explique Eva Respaut, la directrice Business, Innovation & Data du groupe M6, "nous développons une barre de recherche innovante pilotée par l'IA, qui permet aux utilisateurs de poser des questions spécifiques, pour améliorer la découverte de contenu. [...] Au lieu d'avoir à taper des mots-clés, l'utilisateur pourra poser de vraies questions telles que : 'je suis un grand fan de Top Chef, donnez-moi une autre émission de cuisine qui me plairait', ou 'mon fils a 10 ans, nous avons 30 minutes disponibles, quels dessins animés avez-vous ?' ou encore 'montrez-moi un film qui se passe à New York' et la recherche pilotée par l'IA fournira le bon type de contenu."
Au passage, la dirigeante explique que "le lancement de M6+ a été un succès." La chaîne a notamment constaté "une augmentation de 30% du reach et de 45% du nombre total d'heures visionnées par rapport à l'année dernière. En seulement quatre mois, nous avons atteint 3,5 millions de téléchargements d'applications, dont 40 % via la TV connectée."
En matière d'IA, la production de contenus n'est pas en reste, même si les diffuseurs se montrent prudents dans ses usages. Pour commencer, de plus en plus de chaînes, comme RTL en Allemagne, commencent à utiliser des décors virtuels générés par l’IA pour certaines émissions : une pratique qui permet de gagner en agilité et de diminuer les coûts.
RTL Deutschland utilise aussi l'IA pour générer les "bumpers" - ces courtes séquences interstitielles qui séparent les programmes de la publicité - sur ses chaînes payantes RTL Crime, RTL Living et RTL Passion, dans le cadre d'un partenariat avec la startup américaine RunwayML, un pionnier dans les technologies de génération de vidéos par l'IA. Le dispositif devrait prochainement être étendu aux chaînes gratuites du groupe, notamment Nitro et RTL Up.
Toujours dans l'écosystème de RTL Deutschland, la chaîne d'information en continu du groupe, ntv, a développé plusieurs outils IA au service de ses journalistes. Le "Hot Topic Discoverer" qui aide les rédacteurs à identifier les sujets les plus pertinents parmi une multitude de dépêches d'agences, tandis que le "Text Generator" propose des titres et des textes adaptés au format et au style de ntv. "Ces outils sont programmés par des humains et ne fournissent que des suggestions. Au final, ce sont les journalistes qui décident comment et quoi publier," précise Sonja Schwetje, la Directrice des Programmes de ntv.
Le monde de la publicité TV s'intéresse également de près à l'IA, en particulier pour la personnalisation des messages, l’optimisation des dépenses de médiaplanning ou encore la mesure d'audience, qui devient plus précise.
À terme, l'IA pourrait aussi jouer un rôle clé dans le développement de la télévision segmentée, en facilitant l'adaptation des spots TV à chaque cible ou zone géographique : "associer TV adressée et IA est absolument nécessaire pour pouvoir être compétitif à grande l'échelle. Notre média reste le roi de la notoriété de la marque : c'est là-dessus que nous devrions nous concentrer", estime Marco Gijsen, représentant d'AdAlliance aux Pays-Bas.