Des indicateurs en berne. Le 33e Baromètre de la confiance des Français dans les médias publié ce jeudi par "La Croix" en partenariat avec Kantar Sofres, livre une fois de plus un verdict préoccupant. Ainsi, seuls 59% des sondés (un échantillon représentatif de 1.007 personnes) se déclarent intéressés par l'actualité, en baisse de huit points sur un an et le plus bas niveau enregistré depuis le lancement de ce baromètre en 1987. Si la confiance envers les médias traditionnels augmente, celle d'internet est au plus bas, à 23%. La radio (50%), la presse (46%) et la télévision (40%) sont jugés les plus crédibles. Paradoxalement, la télévision reste le premier moyen de s'informer pour la plupart des Français (48%, dont 65% des plus âgés).
Mais la méfiance reste de mise. Ainsi, pour 68% des personnes interrogées, les journalistes ne sont pas indépendants des pressions des partis politiques et du pouvoir. Cependant, une majorité des sondés (38%) continue de miser sur la profession pour lutter contre la propagation de fausses nouvelles tandis que chez les jeunes, c'est avant tout aux citoyens d'agir en la matière (36%). "La critique actuelle des médias va de pair avec une critique globale des institutions. Les individus ont tendance à adopter un rapport de consommation à l'information. Les médias devraient être là pour conforter ce qu'ils pensent et les réseaux sociaux ont renforcé cette logique", analyse dans "La Croix" Valérie Nataf, directrice de la rédaction de LCI. A 71% d'ailleurs, les Français jugent que les médias restent éloignés de leur vie quotidienne et de leurs préoccupations.
Si les séniors continuent à 56% de plébisciter la télévision pour s'informer, ce chiffre retombe à 26% pour les moins de 35 ans, qui préfèrent à 61% se rendre sur internet pour satisfaire leur soif d'information. Sur ce médium, les sites ou applications de presse écrite devancent de très peu les réseaux sociaux (25% contre 22%) auprès de cette cible convoitée.
Parmi les sujets qui ont fait l'actualité en 2019, les Français interrogés jugent que les médias en ont trop fait autour du mouvement des Gilets jaunes (55%), de la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès (51%) et de l'incendie de Notre-Dame (45%). Signe d'une information à deux vitesses, un tiers des moins de 35 ans et un quart des employés et ouvriers ne voient "pas de quoi il s'agit" lorsqu'on leur demande leur ressenti autour du fiasco médiatique du cas Xavier Dupont de Ligonnès.
A l'inverse, ils auraient aimé en apprendre davantage dans les médias sur les feux de forêts en Amazonie ou en Californie qui ont marqué l'été dernier (50%), sur l'actualité européenne en cette année d'élection ou encore sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes (35%).