La rentrée des télés. "Si on plante la première, on est mort". Hier soir, Victor Robert a donné le ton lors des premières secondes de son nouveau "Grand Journal". Pas si nouveau que ça, en réalité. Malgré un nouvel animateur et une nouvelle équipe de chroniqueurs, l'ensemble avait a priori un sacré air de déjà-vu. Même générique, même musique, même plateau... Mais une première partie consacrée à l'actu entièrement cryptée.
Dommage, car les premiers pas de Victor Robert, plus chaleureux qu'on aurait pu le penser, aux côtés d'Alice Darfeuille, Brigitte Boreal, André Manoukian et Augustin Trapenard, se sont plutôt bien passés. Les uns et les autres n'hésitent pas à rebondir sur ce que disent leurs petits camarades, interagissent avec les invités - hier soir, les médaillés olympiques Tony Yoka et Estelle Mossely - et les séquences s'enchaînent avec juste assez de rythme, sans tomber dans l'écueil frénétique des dernières saisons. C'est chaleureux et agréable.
Si Augustin Trapenard, "l'homme qui survit à tous les animateurs du 'Grand Journal'", reste relativement silencieux, il rit de bon coeur quand Lamine Lezghad, autre nouvelle recrue, débarque sur le plateau pour un numéro de stand up. Dans sa nouvelle pastille "Addict", Axelle Lafont surfe ensuite avec humour sur les nouveaux comportements liés aux réseaux sociaux avant des "Guignols" présentés par... Mr Sylvestre et marqués par la première apparition de la marionnette de Céline Dion.
Pierre Niney et François Ozon rejoignent l'équipe pour la deuxième partie de l'émission, cette fois en clair et moins enlevée, pour sept minutes quasiment interrompues de dialogue sur leur film "Frantz" - mais pas avant le retour d'un des fondamentaux du "Grand Journal" : la miss météo. Cette année, c'est Ornella Fleury qui s'y colle, et si sa météo un peu longue est plutôt drôle, elle commet un vrai faux pas quand elle appelle Brigitte Boreal "monsieur-dame". Avoir une chroniqueuse transgenre en plateau tous les jours et tomber dans la blague transphobe pour la première, on n'aurait pas pu rêver pire... Rires gênés dans le public...
Pas sûr qu'il était utile non plus d'avoir comme "invité surprise" le père de Tony Yoka pour une supposée séquence émotion, mais Victor Robert ne divague pas quand il affirme en guise de conclusion que "'Le Grand Journal' n'est pas mort, il respire encore" - même s'il ne respire pas non plus l'innovation et l'impertinence. Après le fiasco de l'an dernier et la déception des deux saisons De Caunes, le public n'a cependant pas voulu lui donner sa chance. La deuxième partie en clair du "Grand Journal" n'a intrigué hier soir que 389.000 curieux, soit 1,8% du public.