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Laurence Bloch (France Inter) : "Non, on ne s'endort pas !"
Publié le 20 avril 2017 à 17:05
Par Benjamin Meffre
La patronne de France Inter commente pour puremedias.com les résultats historiques enregistrés par sa radio lors de la dernière vague d'audience.
Laurence Bloch, les cheveux teints en rouge pour fêter le record d'audience d'Inter Laurence Bloch, les cheveux teints en rouge pour fêter le record d'audience d'Inter© France Inter
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L'ambiance est une nouvelle fois à la fête du côté de France Inter. Sur la vague janvier-mars 2017, la première radio publique s'envole avec 6,3 millions d'auditeurs, un record historique. Sur un an, France Inter gagne pas moins de 689.000 auditeurs et en récupère encore 259.000 par rapport à la précédente vague. Deuxième radio de France devant NRJ, la station continue sur la bonne dynamique enclenchée ces dernières années. Inter peut ainsi se targuer d'une série de records, qu'il s'agisse notamment de sa matinale ou de son 17-18h porté par Charline Vanhoenacker. puremedias.com a demandé à la patronne de la station, Laurence Bloch, d'analyser ces bons résultats et de nous parler de ses projets pour la saison prochaine.

Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : Bon, avec ces nouveaux très bons résultats, ça devient vraiment compliqué de vous interviewer...
Laurence Bloch : (Rires) Ce n'est pas non plus facile de répondre ! Que dire d'autre à part que nous sommes évidemment plus que contents. C'est quand même un jour unique pour France Inter je pense. Tous les paramètres sont bons et c'est vrai que les gens ont la banane dans les couloirs.

Patrick Cohen rempile à la matinale

Que faire de plus maintenant ? Aller chercher RTL ?
Ecoutez, l'objectif est avant tout de continuer à être bon et à séduire de plus en plus d'auditeurs, pour de bonnes raisons. Ce n'est donc pas forcément de dépasser RTL mais bien de poursuivre la progression, en gardant ce qui nous a fait gagner pour l'instant : la qualité, la modernité et la proximité. Il faut fabriquer une radio qui a la niaque. C'est ça aussi qui fait que les auditeurs s'y retrouvent. C'est une radio dans son époque, qui n'en a pas peur, qui s'en empare, qui la questionne et qui a de l'appétit pour elle.

N'y a pas cependant une certaine forme d'angoisse chez vous à la découverte de ces bons scores ? Ne vous dites vous pas que maintenant, quoi qu'on fasse, on ne peut plus que redescendre ?
Non, franchement non ! Ce matin, il n'y a pas d'angoisse. Nous sommes tous réjouis. Cela redonne de la force et du courage pour aller au bout de cette saison intense. Et puis il n'y a pas de raison qu'on baisse ! Non mais c'est vrai ! Ce n'est pas un coup qui est arrivé comme ça. Depuis 2014 et l'installation de notre nouvelle grille, constituée à 70% de programmes nouveaux, c'est une progression constante. On est parti à 9 points, on est passé à 10,2 points puis 10,5 points l'année dernière et là nous sommes à 11,6 points. Il n'y a donc pas d'angoisse mais de la détermination à donner le meilleur et à constamment se renouveler tout en restant ce que nous sommes. Il ne faut pas s'arrêter là !

Justement, Patrick Cohen est une nouvelle fois leader et en progression sur la tranche des matinales. Sera-t-il aux commandes de la matinale la saison prochaine ?
Evidemment.

Une ou deux nouvelles séquences dans la matinale la saison prochaine

Allez-vous faire des ajustements dans la matinale pour la saison prochaine ?
Nous réfléchissons à de tout petits ajustements. Je pense qu'il faut renouveler, proposer des séquences différentes. Nous réfléchissons à une ou deux nouvelles séquences. Je ne peux pas vous dire lesquelles parce que je n'en ai pas encore la moindre idée. Je voudrai aussi pouvoir pérenniser les rendez-vous du 7-9 en région. Je crois qu'on a tout intérêt à aller écouter la façon dont les Français vivent, travaillent, sont logés... Je pense que cela a été un très grand succès. On voyait le public venir nombreux, être attentif et honoré du fait que France Inter, qu'on dit trop souvent parisienne, se déplace pour les écouter. Je voudrais donc pérenniser ces délocalisations.

Je voudrais aussi pérenniser cette séquence du 7-9 qu'on appelle "Allons en France" où, d'une manière aléatoire, au hasard des rencontres et des chemins, on a pu faire entendre la parole des Français. On m'a beaucoup reproché, et à juste titre, de ne pas avoir d'émission de reportages sur l'antenne. J'ai toujours dit que je ne trouvais pas de vrai capitaine. Au fond, c'est peut-être plus important d'emmener la matinale à Roubaix, dans un tribunal ou dans un lycée professionnel à Perpignan, et d'ainsi donner une audience de 4 millions d'auditeurs à cette parole. C'est peut-être ça qui est le plus pertinent.

Concernant les nouvelles séquences de la matinale, elles seront dans un registre humoristique ?
Non, je pense que dans le registre humoristique, nous sommes dans le bon équilibre. Je crois qu'il faut davantage travailler pour une chronique peut-être historique, peut-être littéraire.

C'est pour cela que vous avez intégré une chronique historique de Jean Lebrun à l'occasion de la présidentielle ?
Voilà, on écoute ce que cela donne. C'est une piste. Il y en a plusieurs à l'étude. Je pense effectivement qu'il faut toujours proposer à l'auditeur de nouvelles choses. Il faut lui montrer qu'on a le souci de sa curiosité, de renouveler son intérêt, de lui proposer quelque chose de neuf. En dehors de la matinale, nous allons aussi chercher à travailler sur le week-end. Je pense que pour ce dernier, il faut travailler sur des longues distances et permettre aux auditeurs d'avoir un accompagnement un peu plus long. Le temps du week-end n'est pas le même que celui de la semaine. On peut rester plus longuement à l'écoute.

"Nous réfléchissons à un rendez-vous de débat le week-end"

Quelles sont vos idées pour les week-end ?
D'une façon générale, je pense qu'il faut instaurer plus de débat. Attention, quand je dis "débat", je ne veux pas dire "combat". Je pense que les auditeurs ont envie d'entendre des opinions différentes et qu'on laisse du temps à ces positions pour se déplier à l'antenne. Je voudrais installer un grand rendez-vous de débat le week-end. On y réfléchit beaucoup avec Emmanuel Perreau (directeur des programmes et de l'antenne de France Inter, ndlr) et Jean-Marc Four (directeur de la rédaction, ndlr). Je tiens à dire que le travail que je fais n'est pas solitaire. C'est un trio.

A quelle heure serait programmé ce nouveau rendez-vous ?
A une heure de grande écoute. Je ne peux pas vous en dire plus car ça peut encore bouger. Ce que je peux vous dire, c'est que cela ne sera pas tard le soir.

"Questions politiques", l'émission politique du dimanche midi animée par Nicolas Demorand reviendra-t-elle la saison prochaine ?
On réfléchit à la modifier un peu. Il y a beaucoup de rendez-vous politiques le week-end. C'est donc très compliqué d'obtenir la participation de personnalités de premier plan pendant les deux heures que dure l'émission. Par ailleurs, les politiques sont aussi très souvent invités dans les grands rendez-vous comme le 7-9 ou le 18-20. On réfléchit donc à une nouvelle formule.

"Nagui a mouillé sa chemise"

Revenons à la grille semaine, quelles sont vos plus grandes satisfactions ?
J'en ai deux. Nagui tout d'abord. Son émission "La bande originale" atteint un score formidable ! C'est un record depuis 13 ans ! Je suis très contente, d'autant plus qu'il a mouillé sa chemise et n'a pas ménagé sa peine. On a fait des aménagements à la rentrée dernière et ils ont été payants. C'est un travail d'artisan de fabriquer une grille, il ne faut pas l'oublier.

Je me réjouis aussi du fait que les nouvelles émissions que nous avons portées à l'antenne, comme "La récréation" de Vincent Josse ou "Grand bien vous fasse" d'Ali Rebeihi se soient installées en seulement une saison. "La récréation" signe un record absolument historique. Vincent est à 743.000 auditeurs de 16h à 17h avec son émission sur la musique classique. Il a gagné 120.000 auditeurs en un an, ce qui est considérable ! Ali Rebeihi, à 10h, est aujourd'hui à 1,13 million d'auditeurs ! Je suis très contente car ces émissions n'ont que neuf mois de vie !

Tous ces programmes de la semaine seront-ils là la saison prochaine ?
Ah oui, oui. Ca ne bouge pas !

Vous garderez notamment "La marche de l'histoire" en début d'après-midi dans sa forme actuelle ?
A ce stade, on ne touche à aucune émission quotidienne.

"Je ne doute pas que Charline saura rester sur Inter"

Avez-vous réussi à sécuriser Charline Vanhoenacker l'un des atouts stratégiques de votre station ?
Sécuriser Charline, c'est laisser sa personnalité s'exprimer dans toute son intelligence. Je ne peux sécuriser Charline qu'en lui donnant les conditions de travail qu'elle espère avoir, c'est à dire une immense liberté. Mais je n'ai pas encore rencontré les uns et les autres. Je ne doute pas que Charline saura rester sur Inter.

Ali Baddou aura-t-il une place plus importante à l'antenne la saison prochaine ?
Cela fait partie des réflexions pour le week-end.

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour l'avenir ?
De rester une radio qui a la niaque ! Il faut continuer dans ce qu'on a fait, mais toujours se renouveler, ne jamais se reposer. Il ne faut jamais s'endormir sur ses lauriers. Ca serait tellement peu intéressant. Ce qui est formidable, c'est de pouvoir se remettre sur l'ouvrage tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, tous les ans. Il faut peaufiner en permanence. Non, on ne s'endort pas, ni sur les lauriers, ni sur autre chose !

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