A la tête de la matinale de RTL depuis deux ans, Laurent Bazin passera la main à la rentrée. La radio, dont les audiences sont orientés à la baisse depuis plusieurs sondages, devait réagir et redynamiser son carrefour stratégique. Dans une interview à puremedias.com, Laurent Bazin confirme son départ, explique "son choix" et évoque ses nouveaux projets pour la saison prochaine. C'est Yves Calvi qui devrait lui succéder en septembre.
Propos recueillis par Julien Bellver.
puremedias.com : Serez-vous sur RTL à la rentrée ?
Laurent Bazin : Je ne serai plus à la matinale de RTL à la rentrée, je vous le confirme.
Avez-vous de nouveaux projets avec la station ?
Je ne peux pas vous répondre, c'est trop tôt. Jusqu'à fin juin, je suis le présentateur de la matinale de la station. Pour le reste, il faut nous laisser le temps d'en discuter avec Christopher Baldelli (patron de la station, NDLR).
Pourquoi vous ne présenterez plus cette matinale ? C'est un choix de la station ou le vôtre ?
C'est mon choix et Christopher n'a pas été surpris. Quand il m'a demandé il y a 2 ans de faire la matinale, je lui ai dit que c'était formidable, un challenge extra. Mais j'avais déjà fait 8 ans de matinale dans ma vie, je savais l'investissement que ça représenterait : il faut y être à 120% tous les matins. Donc je m'étais engagé pour deux ans. Mon contrat, c'était deux ans, dès le départ. La matinale est une maîtresse exigeante, qui vous demande beaucoup. C'est un peu les JO pendant 700 jours ! En échange, il m'a demandé de redonner à RTL sa place de leader le matin en part d'audience... Nous l'avons été sur 6 des 7 vagues de sondages Mediametrie ces deux années. Donc mission accomplie !
Votre départ n'est pas lié aux audiences, en baisse ces derniers mois ?
Non, Christopher Baldelli m'a même demandé si j'étais prêt à faire une troisième année. Les audiences, ce n'était pas le sujet. C'est un vrai choix, parce que je ne fais jamais les choses à moitié. Je savais ce qui m'attendait, la difficulté physique que cela représentait, donc je m'étais engagé sur deux saisons. C'était la distance minimale pour RTL, ce qui est logique.
Nous avons annoncé l'arrivée d'Yves Calvi à votre place. C'est un bon choix ?
Si c'est lui, c'est un excellent choix. Il fait partie de ma famille de journalistes. Il est plus que légitime.
Vous avez pris du plaisir pendant ces deux années ?
Enormément. A part ceux qui l'ont fait, on mesure difficilement l'exigence, la dureté mais aussi le plaisir que cela peut représenter. C'était extraordinaire pour moi d'animer, chaque jour, 2h30 d'antenne en direct. Recevoir George Clooney ou Nicole Kidman, opérer à vif le Président ou le Premier ministre, c'est génial ! Il y a une autre grande satisfaction, c'est d'avoir réussi à imposer la première année mon idée de ce que devait être une matinale de qualité. Réveiller, expliquer, raconter, prendre des auditeurs à l'antenne en direct, avec bonne humeur, être crédible sans se prendre au sérieux. C'est ma grande satisfaction. La première année, en trois semaines, on a inversé la tendance, la matinale est redevenue leader. Ca a payé tout de suite.
Si vous restez sur RTL, qu'aimeriez-vous faire ?
Moi j'aime tout de la radio. Mais il faut savoir qui on est. Je suis un journaliste exigeant, je pense que les auditeurs attendent de nous une information de qualité. Il y a beaucoup de territoires à explorer. Là j'ai fait le 20 Heures de la radio, le graal ! Mais je suis curieux de tous les exercices, de débat, d'interview, en radio ou en télé. Je veux continuer à tracer le sillon : faire de la qualité, assumer des choix, répondre aux questions que se posent les gens.
On a parlé de difficultés entre vous et la rédaction, entre vous et Marc-Olivier Fogiel. C'était le cas ?
Je ne l'ai pas vécu comme ça. Le journalisme est un métier où on discute de tout, tout le temps. Tout le monde est très investi. Il y a souvent le frottement des pierres, dans le bon sens du terme : pour faire jaillir la lumière. C'est comme ça que les auditeurs nous suivent et nous reconnaissent. Je n'ai pas été dans la facilité, j'ai préféré la curiosité et l'exigence, c'est ma marque de fabrique. On doit le meilleur aux gens.
Ce qui peut expliquer certaines difficultés avec l'équipe, vous en convenez ?
Non, je n'ai pas vécu ça, sincèrement. J'ai travaillé avec une rédaction de grands professionnels qui ont toujours réfléchi pour rendre leur info meilleure, leur radio meilleure. C'est une rédaction vraiment formidable.
On parle de vous pour un retour sur une chaîne d'infos, c'est envisageable ?
Vous allez plus vite que la musique ! Jusqu'à fin juin, je suis sur RTL. Après, on verra !
L'émission que vous présentiez sur France 3 a connu quelques difficultés d'audience aussi. N'était-elle pas trop ambitieuse pour une programmation en prime ?
Est-ce qu'on est jamais trop ambitieux sur le service public ? Comme sur RTL, on a été dans la curiosité, l'exigence, et le sens du grand public. On a fait trois émissions sur huit autour de 2 millions de téléspectateurs, ça n'est pas suffisant mais ça prouve qu'il y a un public sur des grandes chaînes pour ce type d'émission. Après, la programmation, c'est le sujet des diffuseurs. Mais il y a une place pour une émission de débat et de reportages sur de grands sujets politiques et de société et je me battrai pour ça.