Depuis quinze ans à la tête de "On va s'gêner" sur Europe 1, Laurent Ruquier est omniprésent médiatiquement. A la radio, à la télévision, au théâtre, il est l'un des rares animateurs à n'avoir jamais connu de traversée du désert. Invité exceptionnel toute la journée sur puremedias.com, il revient sur ses trois métiers.
Propos recueillis par Julien Bellver et Benoît Daragon.
puremedias.com : A la télévision aussi, vous faites preuve d'une longévité inhabituelle sur France 2. Quand on vous regarde, on ne ressent pas de lassitude dans la présentation de "On n'est pas couché"... Vous prenez votre pied chaque semaine ?
Laurent Ruquier : Oui, j'ai toujours autant de plaisir. Pour plein de raisons, notamment le fait d'avoir changé les chroniqueurs. Au bout de cinq ans, il y avait une lassitude. Je trouve qu'Aymeric Caron est bien meilleur cette année, une complicité est née. Des invités s'amusent désormais à venir affronter le duo, c'est plaisant et agréable. Nicolas Bedos aussi nous donne une pêche supplémentaire. Et puis le choix des invités me porte encore aujourd'hui. C'est un mini-pouvoir. Je m'efforce de faire des plateaux un peu différents des autres talks avec des gens qu'on ne voit pas, plus ou peu.
Les téléspectateurs ne se lassent pas de Laurent Ruquier. Comment vous l'expliquez ?
Parce que je mets beaucoup en avant les autres, j'essaye de ne pas me lasser moi-même ! On me l'a reproché à l'époque, quand j'ai écarté Naulleau et Zemmour. Je répondais : "C'est moi le patron ! On a rarement vu les patrons partir". Mais sur "On ne demande qu'à en rire", j'ai quitté l'émission par exemple. Ce qui prouve que si je me lassais, je serais déjà parti de "On n'est pas couché".
La nouveauté de l'année, c'est Nicolas Bedos. Tout le monde le voulait après sa révélation chez FOG, comment avez-vous réussi à le convaincre ?
Il avait envie depuis un petit moment, il savait qu'il serait libre chez nous. Il a besoin d'être aimé, il savait que Catherine Barma (la productrice, NDLR) et moi, on l'aimait beaucoup.
Il est compliqué à gérer ?
Finalement, non ! Au contraire, il est difficile dans le sens où lui se complique la tâche et la vie car il travaille beaucoup. Ca prouve qu'il ne fait pas ça par-dessus la jambe, et j'admire ça ! Il y a des humoristes qui venaient les mains dans les poches. Moi j'ai toujours travaillé comme un malade pour essayer d'être le meilleur. Mais certains restent persuadés de leur talent. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas le cas de Nicolas, il doute beaucoup.
Il coûte cher Nicolas Bedos ?
Non, justement, il vient gratos ! Il s'en fiche, il ne veut pas être payé.
Le duo Polony/Caron remplit-il le contrat de la polémique et de la contradiction ?
Il y a plus de libertés qu'avant. Ce que peuvent dire Polony et Caron, c'est moins attendu. Chez Eric Naulleau, on savait avec quels écrivains il était fâché, que les livres de Mazarine Pingeot seraient formidables... Avant, la liberté était dépendante de certaines amitiés et inimitiés. Je trouve qu'on est beaucoup plus objectifs et libres, Aymeric ne baigne pas dans le marigot du monde de l'édition. Il s'y connaît aussi mieux en musique, moi je suis ravi.
Vous essayez toujours d'apporter un contrepoids à leurs avis parfois un peu durs ?
Je découvre leurs avis cinq minutes avant d'entrer en plateau. J'essaye, c'est mon job, de contrebalancer. Pour éviter l'abattoir, je me dois parfois de défendre un peu plus un invité que je ne le ferais s'il n'était pas attaqué. Mais en règle générale, j'essaye, pour les disques et les films, de prendre des gens que je vais pouvoir défendre s'ils sont en difficulté. Si je suis obligé de dire du bien d'un truc que je déteste, c'est difficile, donc je ne prends jamais, par exemple, un film que je n'ai pas aimé.
Vous savez quel est le point commun entre Nagui, Julien Courbet, Christophe Hondelatte et Frédéric Lopez ?
Attendez, je réfléchis... Non !
Ils soutiennent tous Sophia Aram. Vous voulez vous joindre à eux ?
Je la soutiens elle, dans le sens où cela doit être dur à vivre, j'ai déjà vécu ça avec "Les niouzes" sur TF1 déprogrammée après quelques jours faute d'audience. Après, sur l'émission, je n'ai pas à commenter. Il ne faut pas se fier à ce qui se dit sur Twitter mais à l'audience. Elle n'est pas là donc il doit bien y avoir des raisons.
Avant d'être la star du samedi soir, vous étiez la star de l'access, avec "On a tout essayé". Le rythme quotidien en télé vous manque ?
Oui et non ! Oui, la radio me suffit mais oui aussi, si on me proposait de revenir en quotidien, je le ferais. On nous a demandé de réfléchir au printemps dernier à une quotidienne et je l'ai fait. J'aime bien être demandé, désiré, je veux qu'on ait envie de moi. Je ne cours pas après les projets, les pilotes... D'ailleurs, nous n'avons fait aucun pilote avec Catherine, au moins je n'ai pas coûté d'argent à France Télévisions. Cela m'est déjà arrivé de me planter en télé, mais depuis quelques années, avec Catherine, on ne peut pas dire qu'on se soit beaucoup trompés, avec trois succès à notre actif : "On a tout essayé", "On n'est pas couché", et "On ne demande qu'à en rire". Si on nous dit "on a besoin de vous", bien sûr qu'on reviendra...
Mais à 19 heures...
Oui, d'abord, on nous a proposé cette case, on a donc travaillé sur un projet pour 19 heures. Parfois on vous demande de travailler sans vous dire la fréquence et l'horaire. C'est pourtant essentiel, on ne peut pas faire la même émission à 18 ou 19h, le public n'est pas le même, le contenu non plus. Si "Jusqu'ici tout va bien" avait des qualités, car elle n'en n'a pas beaucoup il faut dire les choses, elle aurait sans doute eu plus de facilités à 19h. Sophia Aram, c'était prématuré de la mettre à l'antenne ! Comme ça l'était pour moi quand, débarquant de France Inter, j'ai fait "Les niouzes" ! France Inter n'est pas la France !
Vous vous dites qu'ils auraient mieux fait de vous sélectionner ?
Très prétentieusement, je me dis que c'est dommage. On s'est retirés de la course du 18 heures, c'est comme ça que Morgane (la société de production derrière "Jusqu'ici tout va bien", NDLR), seule en lice, a eu la case. Mais même si nous étions restés, je pense que la volonté de la chaîne était de mettre une femme et quelqu'un de neuf. Quand en juin on a compris que ce n'était pas nous, je me suis dit, quand j'ai vu la concurrence, Antoine de Caunes, Hanouna, Lapix, que ça aurait été dur ! Mais quand je vois cette rentrée télé je pense que finalement, il y avait de la place !
Oui, car les lignes n'ont pas beaucoup bougé contrairement à ce que tout le monde annonçait...
Exactement, il n'y a pas eu de grosse révolution.
On imagine que vous continuez donc à réfléchir pour cette case...
Non, je ne réfléchis à rien car j'ai pris pour habitude de ne pas travailler pour rien ! Donc je ne travaille que quand on me le demande.
On ne vous a pas demandé de vous remettre au travail ?
Non, pas du tout, je vous le jure, rien du tout !
On vous a demandé votre avis sur la commande surprise des best-of de ONDAR ?
Non, je ne gère pas ça, je suis co-producteur mais c'est Catherine Barma qui s'en occupe. C'est la vie d'une boîte de production, on nous demande des best-of donc on les vend !
Vous avez des projets de prime avec France 2, comme la présentation des "Victoires de la musique" ?
Si on me propose, je dis oui ! Mais pas de projet particulier avec la chaîne.
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