Parallèlement à sa carrière dans les médias, Laurent Ruquier a toujours occupé les scènes de théâtre. D'abord en jouant des one-man-shows, puis comme auteur de pièce pour sa bande ("La presse est unanime") ou pour Isabelle Mergault ("Si c'était à refaire") ou comme producteur de jeunes acteurs comme Michaël Gregorio ou Gaspard Proust. Dans la troisième partie de notre journée spéciale, Laurent Ruquier évoque sa nouvelle pièce qui va débuter en janvier prochain avec Michèle Bernier et Frédéric Diefenthal.
Propos recueillis par Julien Bellver et Benoît Daragon.
puremedias.com : Ca fait longtemps que vous n'avez pas écrit de pièce...
Laurent Ruquier : Si, justement ! J'en ai écrit une à l'été 2012 et elle va être jouée à partir de janvier au théâtre Antoine ! Michèle Bernier et Frédéric Diefenthal seront les personnages principaux de "Je préfère qu'on reste amis".
Que raconte cette pièce ?
C'est vraiment une comédie romantique avec deux personnages. Ils ne seront que tous les deux sur scène. C'est l'histoire d'une femme qui est secrètement amoureuse de son meilleur ami depuis longtemps et qui, un soir, décide de tout lui déclarer. Mais, évidemment, l'amour c'est pas toujours simple...
C'est inspiré de faits réels ?
(Rires) Oui, beaucoup ! En fait, j'ai vraiment écrit la pièce pour Michèle, même si je ne lui ai rien dit. Je savais qu'elle cherchait une pièce. Cette phrase, "je préfère qu'on reste amis", je l'ai tellement entendue dans ma vie... Et j'étais sûr que Michèle l'avait autant entendue que moi ! On fait partie des gens qui font plutôt bon copain, qui aiment faire rire, qu'on invite volontiers dans les mariages, noces et banquets pour mettre de l'ambiance mais souvent ça s'arrête la... C'est sans doute ma pièce la plus personnelle même si je l'ai écrite pour une femme !
Et donc elle a dit "oui" ?
Immédiatement ! Elle m'a dit que c'était exactement ce qu'elle attendait. Dans la pièce, elle chante en plus et elle adore ça dans la vie. J'avais mis tous les atouts pour qu'elle me dise oui ! La pièce est faite pour elle, c'est du sur-mesure. Mais je suis content d'avoir trouvé une nouvelle actrice car j'avais ma première muse, Isabelle Mergault, qui écrit désormais elle-même ses films et ses pièces. Elle n'a plus besoin de moi.
Elle est un peu jalouse ?
Ca la titille un peu oui ! (rires) Mais elle sait écrire ses pièces maintenant et c'est tant mieux.
Avez-vous des coups de coeur actuellement au théâtre ?
J'ai adoré le spectacle de Muriel Robin. J'ai trouvé ça exceptionnel, vraiment. C'est la taulière. La meilleure. Mais je n'ai pas vu tant de choses que ça. J'ai hâte de voir Daniel Auteuil et Richard Berry.
Et vous ? Quand est-ce que vous remontez sur scène ?
Ca ne me démange pas du tout. Si un jour je dois remonter sur scène, ce sera pour jouer dans une pièce avec des potes pour vivre une aventure collective.
Arthur, Cauet, Julien Courbet, c'est pourtant devenu à la mode les animateurs qui font du one-man-show !
Justement, je laisse mes petits camarades... Moi je l'ai fait fait à l'inverse, je suis passé par la scène pour devenir animateur.
Vous avez vu leurs spectacles ?
Non, je ne suis jamais allé les voir ! Pour moi, et ça n'enlève rien à leur talent d'animateur, un humoriste c'est quelqu'un qui écrit. Or, aujourd'hui, et c'est valable pour plein d'autres humoristes d'ailleurs, les mecs qui montent sur scène ont un, deux, voire trois auteurs. Ca ne m'intéresse pas. Moi, je veux voir quelqu'un qui dit ce qu'il a écrit. Sinon on retrouve les mêmes vannes et sketchs impersonnels. C'est d'ailleurs les mêmes mecs qui écrivent pour tous les humoristes.
Vous avez révélé une part de votre intimité dans un documentaire, "On ne demande qu'à le connaitre". Certains avaient critiqué votre démarche. Si c'était a refaire, vous le referiez ?
Je n'ai pas montré grand-chose. On était entre amis à Cuba. C'est Gérard Miller qui était derrière la caméra. Il a demandé à mon ami s'il voulait parler et il l'a fait. Ca lui aurait fait bizarre de ne pas être parmi les gens interrogés alors que ça faisait 10 ans qu'on partageait nos vies. A part ça, c'est quelqu'un de plutôt discret. Et moi aussi.
Justement, cette exposition était inattendue...
On ne voyait pas trop ma vie quand même. A la limite, les archives de mes débuts et de mon enfance faisaient plus mal (rires). Il va falloir que je me fasse à l'idée que, maintenant, je fais un peu partie de la vie des gens. Je ne les pollue pas par ma présence. Par mon travail oui, mais pas par ma personnalité. C'est la seule fois où il y a eu un truc un peu privé. Vous n'imaginez pas le nombre de Unes de magazine qu'on m'a proposé de faire avec mon ami !
C'est facile de faire partie de la vie des gens ?
Non. D'ailleurs, je ne l'accepte pas. Je suis très ferme avec les auditeurs ou les téléspectateurs. Je ne me laisse pas envahir. J'aime bien être aimé par les gens intelligents (rires). Moins me faire emmerder par des cons ! Je ne suis pas dans la démagogie, je ne flatte pas mon public dans le sens du poil, y compris quand il est dans le studio. Je me moque d'eux. Je ne suis pas hypocrite avec le public, et c'est aussi ce qu'ils aiment chez moi. Les cons sont des cons. Le public n'a pas toujours raison.
Claire Chazal est tous les ans a la Une de Paris Match et dit poser "pour les gens qui l'aiment".
Claire fait ce qu'elle veut ! Ca la rassure sans doute. Puis elle présente un journal, un truc très sérieux. En dehors de ça, elle ne peut pas faire grand-chose. Donc il faut bien qu'elle établisse un lien avec les gens autrement. Moi, entre la radio, la télé et le théâtre, je suis suffisamment dans la vie des gens pour ne pas en rajouter !
Vous ne vous êtes pas dit "Un jour, je lâche tout" ?
Si j'étais courageux, je le ferais. Mais j'ai peur de partir et qu'on ne me rappelle jamais.
Laurent Ruquier, P1 : "Il faut précéder le goût du public, pas le suivre !"
Laurent Ruquier, P2 : "Sophia Aram, c'était prématuré. France Inter n'est pas la France !"