Plus d'un an après l'annonce du son intention de racheter Direct 8 et Direct Star pour 465 millions d'euros maximum, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a autorisé Canal+ à racheter les actifs TV du groupe Bolloré. Néanmois, ce feu vert est assorti de plusieurs conditions âprement négociées avec la filiale de Vivendi.
En juillet dernier, Canal+ avait déjà pris plusieurs engagements (valables 5 ans) devant l'Autorité de la concurrence afin de limiter les effets de l'opération sur le marché de la télévision gratuite. Ses acteurs, TF1 et M6 en tête, ont tous dénoncé cette transaction, opérant un intense lobbying auprès du régulateur. Selon eux, Canal+, en situation de quasi-monopole sur le marché de la télévision payante, pourrait engendrer des dégâts "considérables" dans le PAF, de par la puissance financière et les singularités du groupe Canal+. Au premier semestre, Canal+ a réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros, contre 1,3 milliard pour TF1 et 711 millions pour M6.
Ainsi, Canal+ ne pourra signer un accord cadre qu'avec un seul des studios américains pour ses chaînes gratuites. Il ne pourra pas acquérir les droits gratuits et payants de plus de 20 oeuvres cinématographiques par an (dont 10 maximum pourront afficher un budget supérieur à 7 millions d'euros) et devra mettre en place deux centrales d'achats autonomes : une pour son activité de télévision payante, une autre pour la gratuite. D'autres engagements ont été pris pour assurer une bonne circulation des oeuvres de Studiocanal (un des plus gros catalogues de films en France, filiale à 100% de Canal+) et des droits sportifs.
Aujourd'hui, les Sages du CSA ont assorti leur accord de plusieurs conditions supplémentaires, restreignant davantage l'opération. Pendant trois ans, D8 ne pourra proposer qu'une soirée consacrée aux séries américaines par semaine, contre les deux souhaitées par la chaîne cryptée, révèle BFM. Quant aux séries françaises vues sur Canal+ ("Engrenages", "Braquo", etc.), D8 devra "attendre un an et demi après cette diffusion en payant", précisent nos confrères. Une autre restriction concerne les longs métrages : au moins un tiers des acquisitions devra concerner des films à petits budgets (moins de 7 millions d'euros) tandis qu'un maximum de 36% des films achetés pourront provenir du catalogue de Studiocanal. Enfin, les obligations de production d'oeuvres patrimoniales européennes ont été fixées à 8,5% du chiffre d'affaires de la chaîne.
Les objectifs de Canal+ sont particulièrement ambitieux pour D8, la nouvelle Direct 8 (Direct Star sera également rebaptisée, en D17). Le groupe de Bertrand Méheut portera progressivement le budget de la chaîne à 120 voire 150 millions d'euros (contre environ 50 millions annuels actuellement) avec l'objectif d'atteindre les 4% de parts de marché (contre 2,1% depuis le début de l'année).
La nouvelle grille des programmes sera lancée début octobre, après une présentation à la presse jeudi. On en connaît les grands contours : outre l'acquisition de films et de séries (à l'instar de "Game of Thrones", "The Event", "The Borgias", "Million Dollar Baby", MR 73", etc.), Cyril Hanouna animera son divertissement "Touche pas à mon poste" (H2O) du lundi au vendredi en access et en deuxième partie de soirée le jeudi. Laurence Ferrari présentera un magazine quotidien programmé à la mi-journée. Guy Lagache héritera pour sa part d'un magazine économique (Flab Prod) tandis que Daphné Roulier sera aux commandes du JT du soir. En soirée, Thierry Ardisson animera "Tout le monde en a parlé" (ADL), Alexandre Delpérier sera aux commandes de "Amazing Race" (Shine) et "Nouvelle Star" (Fremantle) sera de retour dès cet automne.