Alors que le dossier LCI agite de nouveau depuis hier le landerneau médiatique, il pourrait bien devenir aussi et rapidement politique. D'après "Le Monde", le gouvernement de Manuel Valls surveillerait en effet de près le sort réservé à la chaîne d'information du groupe TF1 et surtout à ses équipes. Ce dernier serait ainsi en train de déterminer quelle posture adopter face à la décision de la filiale de Bouygues de supprimer potentiellement 148 postes sur les 247 que compte LCI.
Problème, si le gouvernement ne veut pas être accusé de passivité, il ne veut pas non plus être taxé d'ingérence dans un secteur médiatique par définition très sensible. "Les médias ne sont pas un secteur comme les autres et on ne veut pas donner l'impression qu'il y a une intrusion du politique" a ainsi expliqué au "Monde" une source gouvernementale. Et cette même source d'ajouter : "Mais de prime abord, on est en droit d'être interpellé par la décision de l'actionnaire TF1, qui semble un peu orientée et partielle". Le gouvernement pourrait ainsi vouloir inciter TF1 à prendre davantage en considération les offres de reprises de LCI déjà formulées, notamment celle du groupe "Le Monde".
L'affaire semble cependant mal engagée. Hier, le patron de LCI, Eric Revel, a ainsi affirmé qu'aucune offre de reprise de LCI n'était "pour l'instant suffisamment sérieuse". Pas découragé pour autant, le trio d'actionnaires du "Monde", Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre Bergé, a dans la foulée réitéré son intérêt pour une reprise de LCI, interpellant notamment Nonce Paolini. "Compte tenu des enjeux sociaux, il est regrettable qu'aucun échange d'aucune sorte n'ait pu avoir lieu avec le groupe TF1", regrettaient ainsi les "BNP" dans un communiqué.
Invité ce matin de RTL, le PDG de TF1 leur a répondu sèchement, critiquant à plusieurs reprises leurs méthodes. "La reprise d'une entreprise ne se fait sur les estrades ou devant les médias" a-t-il ainsi taclé. "'Le Monde' a déclaré fort opportunément sa flamme (pour LCI, ndlr) quatre jours avant que le CSA ne prenne sa décision, sans nous prévenir et uniquement par voie de presse. Pour vous donner une idée de la pratique... J'ai reçu une lettre de Monsieur Pigasse un soir à 17h30. Et c'était immédiatement dans 'Les Echos'. Si vous voulez, le secret des affaires n'est pas vraiment leur spécialité" a raillé Nonce Paolini.
Ce dernier a ensuite exigé que le trio d'actionnaires du "Monde" détaille rapidement son offre pour LCI : "Aujourd'hui, j'apprends, toujours par voie de presse, que 'Le Monde' a un projet éditorial, économique et social. Eh bien je demande aux responsables du 'Monde' de m'envoyer des documents précisant ce concept éditorial, cette donne économique, et également la partie sociale qui me paraît importante".
Visiblement pas emballé, le PDG de TF1 a montré le peu de cas qu'il faisait de cette offre de reprise. Il a ainsi précisé qu'elle ne serait étudiée qu'après l'échec du recours que son groupe s'apprête à déposer devant le Conseil d'Etat en vue d'annuler la décision du CSA. Mais elle ne le sera aussi qu'après l'éventuel refus par les distributeurs du nouveau format de LCI proposé par TF1.
Nonce Paolini a conclu en taclant de nouveau : "Ce que je voudrais dire, c'est que des affaires de cette importance, où autant de personnes sont concernées, où autant de foyers sont dans l'inquiétude, ne se traitent pas sur les estrades et devant les médias mais dans le calme d'un bureau et d'une négociation". Et de mettre en garde : "LCI ne tombera pas dans n'importe quelles mains".