Pas de ni-ni au Monde. Le journal, dans un éditorial à paraître cet après-midi, appelle à voter pour Emmanuel Macron, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle devant Marine Le Pen. "Nous avons redit, avant le scrutin, que le Front national est incompatible avec chacune de nos valeurs, avec notre histoire et notre identité. Logiquement, nous souhaitons donc la défaite de Marine Le Pen et appelons pour cela à voter en faveur d'Emmanuel Macron", écrit Jérôme Fenoglio, directeur du journal.
Il rappelle notamment que pour la première fois, la chef frontiste dépasse les 20% des voix exprimées, avec "un record de suffrages", 7,6 millions d'électeurs, soit près de 3 millions de plus qu'en 2002. "Pour la deuxième fois en quinze ans, un parti nationaliste et xénophobe, manipulé par un clan familial cynique et affairiste, se qualifie ainsi pour l'échéance majeure de notre système politique", s'inquiète le patron du Monde. Une récurrence "qui devrait à la fois alerter sur l'état de notre démocratie, et déclencher, comme en 2002, un refus sans faille". C'est ce que fait Le Monde, en appelant à voter "sans ambiguïté" pour le candidat de En Marche !.
Jérôme Fenoglio appelle à la vigilance pour le deuxième tour, estimant que la victoire d'Emmanuel Macron n'était pas assurée. "Il se lance dans cette deuxième partie de campagne avec 62 % des intentions de vote (selon Ipsos Sopra-Steria) là où Jacques Chirac avait conclu la sienne à 82,2 % des suffrages. Vingt points se sont évaporés en quinze ans. Comme se sont volatilisés les appels à manifester de 2002 ou la notion même de 'front républicain' opposé au FN", écrit-il. Le patron du Monde estime par ailleurs que "nombre de dirigeants, et d'éditorialistes, font mine de croire que le résultat est certain, pour se dispenser de donner une consigne claire". Combien d'électeurs "en colère" de François Fillon et de Jean-Luc Mélenchon s'abstiendront ou iront voter pour Marine Le Pen ? Réponse dans quinze jours, le 7 mai prochain.