En 1971, quatre ans avant la loi Veil qui a dépénalisé l'avortement, Le Nouvel Observateur publiait ce qu'on a appelé après coup "le manifeste des 343 salopes". Dans cette tribune, Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Marguerite Duras, Brigitte Fontaine, Gisèle Halimi, Bernadette Lafont, Jeanne Moreau, Marie-France Pisier, Nadine Trintignant ou encore Agnès Varda confiaient avoir eu recours à l'IVG. Par cette dénonciation collective, elles alertaient l'opinion sur cet acte médical, illégal à l'époque, auquel avaient recours un million de femmes par an, dans la clandestinité.
Quarante ans après cet appel historique, le même hebdomadaire publie, dans son édition de la semaine dernière, une publicité... anti-avortement ! A la fin du supplément "Ciné/Télé" de l'hebdomadaire, une publicité de la Fondation Jérôme Lejeune, interpelle le lecteur avec une photo d'embryon : "Vous trouvez ca normal ? On arme les bateaux pour défendre les baleines alors qu'on laisse l'embryon sans défense". La fondation entend mobiliser l'opinion pour donner un statut juridique à l'embryon.
La publicité a provoqué un tollé sur internet. Sur LePLus (un site internet édité par Le Nouvel Obs'), une internaute s'est offusquée de la publication d'une telle réclame dans l'hebdomadaire. "Je ne trouve pas cela normal. Je trouve même insupportable qu'en 2012 on puisse remettre en cause le droit des femmes à disposer librement et sans contrainte de leur corps. Et je trouve d'autant plus insupportable que ces remises en cause puissent s'exprimer dans Le Nouvel Obs.", écrit Aurore Bergé, consternée.
Pressé de s'expliquer, Renaud Dély, le directeur de la rédaction du Nouvel Observateur a présenté ses excuses via son compte Twitter : "C'est une erreur déplorable. La pub de ce lobby aux engagements contraires à nos valeurs n'aurait pas dû être publiée... Toutes nos excuses à nos lecteurs. Nous reviendrons sur ce dysfonctionnement dans le journal de la semaine prochaine", a écrit le journaliste.
Mise à jour, 14h30 : Ce midi, c'est Laurent Joffrin, le patron du journal, qui a présenté ses excuses à ses lecteurs, sur le site internet du magazine. "C'est à la suite d'une erreur de fonctionnement interne qu'une publicité de la Fondation Jérôme Lejeune est passée en avant-dernière page de TéléObs. Le Nouvel Observateur publie régulièrement des annonces portant sur des causes d'ordre général. Mais il veille à ce qu'elles soient conformes à ses valeurs. Ce n'est pas le cas cette fois-ci : nous demandons à nos lecteurs de nous excuser pour cet impair. Nous veillerons à ce que ce type d'incident ne se reproduise pas."
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