François Hollande risque de croiser aujourd'hui les salariés de LCI. Le président de la République doit en effet clôturer ce jeudi après-midi un séminaire intitulé "l'audiovisuel, enjeu économique" au siège du CSA, quai André Citroën, à Paris. Les salariés de la chaîne info, menacés par un plan radical de suppression d'emplois, ont ainsi décidé d'aller à sa rencontre cet après-midi.
Ils comptent l'interpeller sur la décision du CSA du 29 juillet dernier, qui avait refusé à leur chaîne le passage sur la TNT gratuite. Deux mois plus tard, la direction du groupe TF1 a annoncé son intention de déposer un recours devant le Conseil d'Etat contre cette décision et a dévoilé un plan de transformation de l'activité de LCI, devant se traduire par la suppression de 247 postes dont 148 rien que pour la chaîne info.
Dans un communiqué publié hier, l'intersyndicale de LCI a attaqué à plusieurs reprises la direction du groupe TF1, lui demandant notamment la suspension du plan social dans l'attente de la décision du Conseil d'Etat. Alors que les salariés de la chaîne info ont hier massivement rejeté le plan de leur direction, les syndicats ont évoqué "un plan surdimensionné permettant à la direction d'atteindre des nouveaux objectifs d'économie récurrents". "Les salariés de LCI et TF1 refusent d'être les victimes expiatoires des erreurs stratégiques des directions actuelle et passée" a également mis en cause l'intersyndicale. Cette dernière plaide ainsi pour le maintien de LCI sur la TNT payante, sans suppression d'emploi, en attendant de pouvoir présenter une nouvelle demande de passage sur la TNT gratuite.
Dans ce dossier, le président du CSA, Olivier Schrameck, a pour sa part mis hier en cause l'attitude de la direction de TF1. Dans une interview donnée à "Stratégies", le président du CSA a notamment dénoncé "le refus de dialogue" du patron de la Une, Nonce Paolini. "Après notre décision, il a fallu attendre la veille de ses annonces sur l'emploi pour que je puisse le rencontrer" s'est plaint Olivier Schrameck.
Le président du CSA a également souligné l'absence de volonté du groupe audiovisuel de trouver un acccord avec les distributeurs de LCI sur la TNT payante (CanalSat, FAI...) qui permettrait à la chaîne de rester sur la TNT payante. "Nous avons dit que nous étions disponibles pour aider TF1 dans ses relations avec les distributeurs. Or, nous avons constaté que ce groupe n'a pris aucune initiative, ni même répondu aux sollicitations de ces distributeurs - nous en avons la preuve écrite s'agissant de Canal+. On ne peut pas faire ce que TF1 décide de ne pas faire" a taclé Olivier Schrameck.
De son côté, Jean-Pierre Pernaut a de nouveau publié hier un message incendiaire à l'encontre du CSA via sa page Facebook. "Aucun économiste ne comprend. Aucun journaliste ne comprend. Aucun citoyen ne peut comprendre la menace que cette décision entraîne pour la liberté d'informer", a dénoncé le présentateur du JT de 13h, également directeur adjoint de l'info de TF1.
Et ce dernier d'interpeller François Hollande à l'occasion de sa visite de cet après-midi au CSA. "Peut-il rester indifférent face à la disparition administrative de la plus ancienne chaîne info ? (...) Le Président peut-il fermer les yeux sur les menaces qui pèsent sur l'emploi de 247 salariés, uniquement par le refus du CSA ? Peut-il laisser bafouer sans réagir les règles de la concurrence dans les conditions surprenantes que l'on connaît avec les résultats formidables de BFMTV ?" a-t-il interrogé dans son message.