Une atteinte à la liberté de la presse condamnée par France Télévisions. Mardi soir, dans le cadre de la manifestation pour protester contre l'article 23 de la proposition de loi sur la sécurité globale, qui a eu lieu devant l'Assemblée nationale, un journaliste de l'antenne francilienne de France 3 a été interpellé par les forces de l'ordre. Il a été mis en garde à vue toute la nuit et toute la matinée de mercredi pour n'être remis en liberté qu'hier en début d'après-midi.
Le reporter couvrait le rassemblement contre la loi relative à la sécurité globale et son article 24. Ce dernier risque de restreindre la possibilité de diffuser des images d'agents des forces de l'ordre et est perçu par ses opposants comme une volonté de cacher les violences policières. Depuis mardi, ce texte est examiné par les députés et divise fortement au sein de l'Assemblée nationale.
Après avoir quitté le commissariat, le journaliste a témoigné auprès de sa chaîne France 3 Paris Île-de-France : "Je me suis retrouvé à l'angle du boulevard Saint-Germain et de la rue du Bac vers 21h. J'ai vu au loin un déploiement de forces de l'ordre vers lequel je me suis aussitôt dirigé muni de ma carte de presse. Je filmais avec mon téléphone dans mon autre main. Des policiers m'ont laissé passer sans rien me dire de particulier". Et de raconter : "D'un coup, je me suis retrouvé à un endroit où sept personnes avaient été interpellées, rue de Bellechasse. Une fois encore, j'ai ma carte de presse et je filme la scène avec mon téléphone. Et là, un officier, visiblement énervé, m'a interpellé. Il m'a invectivé et m'a demandé de m'asseoir auprès des autres personnes interpellées".
Il a ensuite expliqué avoir "sillonné Paris pendant 4 heures", "par le fait qu'ils étaient 28 personnes interpellées en tout" : "On a fait 5 commissariats. Au final, j'ai été mis en garde à vue vers 1h15 du matin au commissariat des Batignolles, dans le XVIIe arrondissement. J'y ai passé la nuit. Les policiers m'ont interrogé, mais aucune charge n'a été retenue. Je suis sorti vers 13h30 aujourd'hui". Le salarié de France 3 a néanmoins précisé avoir "eu un rappel à la loi" et que les policiers lui "ont reproché de ne pas s'être dispersé après sommation lorsqu'ils tentaient de disperser la manifestation". "Comme je suis arrivé sur les lieux une heure après la dispersion du mouvement, on ne m'a au final jamais fait de sommation. Et tous les policiers que j'avais croisés m'ont laissé passer. J'étais au mauvais endroit au mauvais moment", a ajouté le journaliste.
De son côté, la direction de France Télévisions a fermement condamné l'interpellation du reporter. "La direction de France Télévisions condamne cette restriction des droits de la presse et l'obstruction au bon exercice du droit d'informer", a tweeté François Desnoyers, directeur du réseau régional de France 3. Fabrice Goll, directeur régional de France 3 Paris Île-de-France a également condamné "cette arrestation abusive et arbitraire d'un journaliste dans l'exercice de son travail" et a "apporté bien sûr son total soutien à son confrère".