Les journalistes de "Quotidien" sur TMC ni de "Mediapart" étaient hier persona non grata au meeting de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan à Villepinte. Comme cela est déjà arrivé durant la campagne, les deux médias ont vu leur demande d'accréditation refusée. Invité ce matin de la matinale de François-Xavier Ménage sur LCI, Louis Aliot a tenté de justifier la décision de son parti en s'en prenant au site d'information d'Edwy Plenel. "'Mediapart' avait organisé un débat des candidats où il n'a pas voulu convier Marine Le Pen. Et bien voilà ! Nous appliquons la jurisprudence 'Mediapart'", a-t-il fait valoir face à Audrey Crespo-Mara.
"Vous avez peur de quoi ?", lui a alors rétorqué son intervieweuse. "Nous n'avons peur de rien. Ces gens-là sont intolérants. Ils ne veulent pas du débat démocratique en refusant d'inviter Marine Le Pen (...) Pourquoi voudriez-vous que nous, nous invitions 'Mediapart' à nos réunions", a de nouveau réaffirmé le vice-président du Front national. Alors qu'Audrey Crespo-Mara lui faisait remarquer que "Quotidien" et "Mediapart" interviewaient des personnalités du Front national, le cadre du FN a rétorqué : "Non, ils font de l'espionnage. Oui, on peut appeler ça comme ça."
Dans la foulée, Louis Aliot a par ailleurs démenti la volonté du Front national de créer un "ordre des journalistes", composé "uniquement" de journalistes, et qui pourrait "sanctionner des pratiques mauvaises" de représentants de la profession. Cette mesure avait été avancée samedi 29 avril sur LCI par Aymeric Merlaud, conseiller régional FN, qui dénonçait lui aussi "l'espionnage" dont "Quotidien" se rendrait coupable. Louis Aliot a ainsi précisé que ce "lambda" avait "dit une bêtise" et que cette idée n'engageait pas le Front national.
Déjà tendue, la relation entre le Front national et les médias s'est encore un peu plus détériorée ce week-end. Outre l'interdiction d'accès des équipes de "Quotidien" et "Mediapart" au meeting de Villepinte, plusieurs journalistes présents sur place ont dénoncé le traitement qui leur a été réservé. Ils ont ainsi relaté que le service de presse du FN menaçait de retirer leur accréditation aux journalistes qui osaient s'aventurer en dehors de la zone où ils étaient tous regroupés. Impossible par exemple pour eux d'aller interroger les militants venus assister à la réunion publique.
En signe de protestation contre la mise au ban de "Mediapart" et "Quotidien", les sociétés de journalistes de plus d'une trentaine de médias (l'AFP, BFMTV, Capa, "Le Monde" "Les Echos", "Le Figaro", France 2, la rédaction nationale de France 3, France Inter, M6, Mediapart...), ont signé vendredi une pétition protestant contre la décision du Front national de "choisir les médias autorisés à suivre Marine Le Pen" et ont dénoncé "une entrave à la liberté" d'informer.