Près de quatre mois après les attentats du 7 janvier, Luz a accordé une longue interview aux Inrocks cette semaine en marge de la sortie d'un album de dessins baptisé "Catharsis". Au cours de cet entretien, le dessinateur du journal satirique a notamment évoqué la situation politique actuelle mais aussi le climat régnant à "Charlie Hebdo".
Concernant la première, Luz a ainsi protesté contre la récupération politique de l'attentat du 7 janvier par le gouvernement dans le cadre du débat actuel sur la loi sur le renseignement. "Cette loi est une altération intolérable de nos libertés individuelles. Il est effrayant que la société s'habitue à les négocier", a ainsi estimé le dessinateur. "Le gouvernement ne cesse d'invoquer 'Charlie Hebdo' pour justifier cette loi liberticide alors qu'on est un journal qui lutte contre les atteintes aux libertés ! C'est schizophrène, on ne veut pas être utilisés comme argument publicitaire par Manuel Valls pour vendre sa politique sécuritaire" a-t-il taclé.
Alors qu'il fait partie du collectif pour la refondation de "Charlie Hebdo" et pour "échapper au poison des millions", Luz a cependant tenu à relativiser les tensions au sein de la rédaction. "Il n'y a pas vraiment deux camps qui s'affrontent", a-t-il ainsi précisé, tout en appelant malgré tout à une discussion autour de la ligne éditoriale du journal. "On continue à faire un journal comme s'il ne s'était rien passé. Comment créer une nouvelle ligne dans le respect de l'ancienne et de ce qu'on est devenu ? Charlie est-il encore un journal politique ? Peut-il devenir un news mag ? Une nouvelle formule est censée sortir en septembre mais on n'en sait pas plus. Va-t-il y en avoir une ?", s'est demandé Luz.
Avant de raconter : "A la suite des attentats, la structure a explosé. Il y a eu un moment de flottement quand Riss est allé sur France 2 dire qu'il allait reprendre la direction sans prévenir la rédaction. Je veux sortir de l'urgence et savoir avec qui je travaille vraiment. Il faut mettre les choses à plat. Je n'ai pas d'animosité personnelle contre Anne Hommel mais maintenant qu'on a dépassé le cadre de la situation de crise, a-t-on encore besoin d'une attachée de presse de crise ? Peut-être pas", a-t-il lâché.
Au cours de son long entretien aux Inrocks, Luz a également réagi aux propos de Philippe Val, ancien patron de "Charlie Hebdo" qui a affirmé en février croire que "les terroristes ont gagné", du moins une bataille. Une phrase qui n'a pas du tout plu à Luz. "J'ai sauté au plafond en entendant ça. C'est tellement dingue", a-t-il réagi. Et de tacler : "Il n'est plus lui-même ce garçon et il ne parle qu'en son nom. Il n'est plus Charlie, il n'est pas Charlie, il fait juste partie de l'histoire de Charlie. Il est dans le déni de ce qu'il a été pour ce journal : quelqu'un qui a publié toutes les caricatures danoises. Ce n'est pas étonnant qu'il ait baissé les bras, mais il ne les baisse pas à notre place", a protesté le dessinateur.
Alors que des rumeurs évoquent justement le retour de Philippe Val aux commandes de "Charlie Hebdo", Luz a fait part de son opposition ferme à une telle éventualité. "Je ne me l'imagine pas. En tout cas, le retour de Val serait le départ de Luz et d'autres personnes", a-t-il annoncé.
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