Le groupe Meta (ex-Facebook) essuie des pertes mais rassure ses investisseurs. Le mastodonte du web qui détient les réseaux sociaux Instagram et Facebook, mais aussi WhatsApp, a publié mercredi soir ses résultats du dernier trimestre de 2022. Pour la première fois depuis son introduction en Bourse en 2012, ses revenus annuels ont baissé. Il a glissé d'un unique pourcent, pour atteindre 116,61 milliards de dollars. Si la baisse peut paraître minime, le groupe a plutôt habitué ses investisseurs à des croissances record, notamment pendant la période faste du Covid-19.
La nouvelle peut sembler contradictoire, mais au moment de cette annonce, la valeur des actions Meta ont bondi de 19%. En réalité, le marché s'attendait à une chute bien plus brutale. Le vaisseau amiral du groupe, Facebook, a amassé plus d'utilisateurs que n'en attendaient les analystes, avec deux milliards d'utilisateurs actifs quotidien, contre 1,98 milliard fin septembre. Toutes plateformes confondues, Meta touche 3,74 milliards de personnes via ses différents services.
La réalité n'est pourtant pas toute rose pour Meta. Le géant de la Tech essuie de nombreux revers qui mettent à mal son modèle économique. L'entreprise monétise son contenu grâce à la publicité digitale, or, la crise économique et la menace d'une récession aux États-Unis ont fait s'effondrer ce marché. Mark Zuckerberg prend également de plein fouet l'App Tracking Transparency (ATT) d'Apple qui permet aux utilisateurs d'iPhone de refuser de partager leurs cookies avec Facebook et Instagram. Les petits traqueurs sont pourtant cruciaux pour la publicité ciblée. Un bouclier d'Apple qui doit coûter environ 10 milliards de dollars à Facebook, comme l'expliquait le groupe en février 2022.
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Meta doit également faire face à un autre problème : la concurrence. Son principal ennemi, TikTok, ne cesse de s'agrandir. Pour tenter de le contrer, Adam Mosseri, le patron d'Instagram, a lancé un grand chantier, celui de la mise en avant des Reels, des vidéos courtes semblables à celles du réseau chinois. Pour le réseau qui représente un peu plus de la moitié des revenus du groupe - plus que Facebook - il s'agit d'une transition à haut risque. Plusieurs stars comme Kylie Jenner ont déjà critiqué publiquement ce changement de focus, qui met la photo au deuxième plan. Ce changement n'est pour l'instant pas un succès et se traduit en "pertes de revenus", comme l'a admis Mark Zuckerberg.
Ces nombreuses difficultés ont eu une conséquence concrète : Meta a mis en place à l'automne un plan social. Environ 13% de ses effectifs, 11.000 postes, ont été supprimés pour réduire les coûts. Son PDG reste critiqué en interne pour son changement stratégique. Avant son rebranding en "Meta", le groupe a montré son objectif principal, devenir une entreprise du "Métavers", un univers numérique parallèle rêvé par les entreprises de la Tech. Pour y parvenir, le groupe investit massivement dans sa branche Reality Labs. Elle a creusé ses pertes à 4,3 milliards de dollars pendant le trimestre écoulé, après avoir déjà perdu 3,7 milliards au troisième trimestre, et 2,6 milliards au deuxième.
Malgré ce quatrième trimestre consécutif de perte et l'impression que le métavers peut être passé de mode, Mark Zuckerberg reste droit dans ses potes. "Nos priorités n'ont pas changé. Les deux vagues technologiques majeures qui mettent en mouvement notre roadmap sont l'intelligence artificielle aujourd'hui, et sur le long terme, le Métavers", a-t-il expliqué à ses actionnaires en marge de ses résultats. Comme Microsoft avec ChatGPT, Meta lorgne la manne commerciale de l'IA. Il souhaite s'en servir pour améliorer sa publicité ciblée. Un autre raison de rassurer Wall Street.