Un élément pour le moins troublant. Alors que le mystère plane toujours autour du ou des commanditaires du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi survenu dans l'enceinte de l'ambassade du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul en octobre dernier, le "New York Times" révèle qu'en septembre 2017, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS", avait confié à un conseiller qu'il n'hésiterait pas à user de la force, voire à se "servir d'une balle" contre le journaliste si celui-ci ne retournait pas dans le royaume et n'arrêtait pas dans le même temps ses critiques à l'encontre du gouvernement saoudien. C'est à cette même époque que Jamal Khashoggi avait commencé à signer des tribunes virulentes dans le "Washington Post".
Une conversation interceptée par les services de renseignements américains qui, selon le quotidien américain, constitue à ce jour une preuve déterminante dans la volonté du pouvoir saoudien d'éliminer Jamal Khashoggi. Il faut dire que les soupçons étaient déjà forts, dans la mesure où l'Arabie Saoudite a mis plus de deux semaines à reconnaître que le journaliste avait été tué dans son consulat l'automne dernier. Le pays a cependant toujours rejeté l'idée d'une implication du pouvoir et donc du prince héritier dans cette affaire.
Le conseiller saoudien qui aurait eu cette conversation compromettante avec "MBS" a fermement démenti dans un communiqué ces nouveaux éléments. Sur la même ligne, un officiel saoudien a pour sa part expliqué que l'enquête ouverte après le meurtre du journaliste se poursuit et qu'elle a déjà permis d'arrêter 11 suspects, dont les identités n'ont pas été dévoilés. La peine de mort a été requise pour cinq d'entre eux.
La NSA, l'agence nationale de sécurité, ainsi que les autres agences de renseignements américaines, vont maintenant s'atteler à décortiquer toutes les conversations et SMS interceptés ces dernières années, en provenance de Mohammed ben Salmane, pour chercher d'autres éléments déterminants. De son côté, la Maison Blanche doit se prononcer d'ici le 8 février prochain pour dire si elle estime que le prince héritier est impliqué personnellement dans cet assassinat.