Michel Sardou a décidé de l'ouvrir. C'est dans Le Point, cette semaine, sur cinq pages. Le chanteur, de retour au théâtre dans quelques jours, tire à vue. Tout y passe. L'une de ses premières cibles, les artistes, intellectuels, politiques, bien moins engagés selon lui qu'à son époque.
"Aujourd'hui, c'est un ruisseau d'eau tiède. Bienvenue chez les Bisounours ! Le langage de l'époque est très édulcoré, on tourne autour du pot", fustige-t-il. Le chanteur estime que la liberté d'expression a disparu, "il faut faire attention à ce que l'on dit ", il s'estime en "liberté surveillée". Si certains s'engagent encore, Michel Sardou ne les entend pas.
"Même les artistes ont une mentalité de fonctionnaires ! Ils ne se lancent plus sans l'assurance que l'Etat va les aider", lâche-t-il. Les chansons n'ont selon lui plus aucune aspérité aujourd'hui. "Je me demande où l'auteur veut en venir. Souvent, nulle part. Ca ne raconte rien, poursuit-il. Alors que la chanson française c'est le mot. Le mot juste. Désormais, on produit du son". Vlan. Pour Sardou, "il n'y a que les rappeurs qui ont des couilles". Il n'en cite pas car "il ne connaît pas les noms", et reconnaît qu'il en écoute peu, "car ça (lui) casse les oreilles".
Même les politiques ne trouvent plus grâce à ses yeux. Finie, l'idylle avec Nicolas Sarkozy. "Ca manque de tripes, c'est à vous faire regretter l'époque de Georges Marchais, il avait du chien le bougre". Il n'en reste qu'un qui "dit ce qu'il pense" : Jean-Luc Mélenchon, même si ses idées ne sont pas son "genre de beauté".