Elle est la quatrième gagnante de "Top Chef". Après Romain Tischenko, Stéphanie Le Quellec et Jean Imbert, Naoëlle D'Hainaut s'est imposée hier soir à l'issue de la quatrième saison du concours culinaire de M6. Une saison mouvementée, au cours de laquelle la jeune femme, qui faisait partie des favorites, a été pointée du doigt pour son comportement dans les dernières semaines de la compétition. Désormais sacrée gagnante, elle se confie à puremedias.com et évoque son aventure, ses hauts et ses bas, la fameuse "affaire des crevettes" mais aussi plus globalement son image, son côté compétiteur et le fait qu'elle ne s'est pas reconnue dans les images qu'elle a vues.
puremedias.com : Vous êtes dans quel état d'esprit après votre victoire ?
Naoëlle : Heureuse ! En même temps, soulagée, parce qu'on attendait depuis longtemps ! Donc je suis soulagée, surtout. Et satisfaite. C'est une satisfaction personnelle parce que ça récompense mon travail.
Quels projets vous avez avec les 100.000 euros que vous avez gagnés ?
J'ai comme projet d'ouvrir mon restaurant.
La semaine dernière, le chef du Crillon, Christophe Hache, a annoncé votre victoire et a spoilé l'émission. Vous avez compris ce qui s'est passé ?
Je n'ai pas compris, non. Je n'ai pas de justification à ça, je n'en sais rien. Mais je suis déçue parce qu'on a gâché la surprise.
Au cours de la saison, quel a été votre plus beau moment ?
En fait, il y en a beaucoup ! Chez Paul Bocuse, parce que c'est énorme et que, si je n'avais pas participé à "Top Chef", je n'aurais peut-être pas rencontré ce grand monsieur. Quand mon mari est venu pour une épreuve, le barbecue, le parc d'attractions... Même si c'était dur en soi et que ce n'était pas une épreuve qui me correspondait - et que je ne l'ai pas gagnée ! (Rires) C'est une épreuve dont je me souviendrai toute ma vie, je pense.
Et le moment le plus difficile ?
Ca, c'était le gâteau au chocolat !
Vous le disiez hier dans le petit sujet tourné quatre mois après la finale, vous faisiez un débrief avec votre équipe de l'épisode de la veille. Vous avez regardé l'émission, donc. Quelle différence avez-vous vu entre ce que vous avez vécu, et ce que vous avez vu à la télé ?
Ce qui est bien et ce qui est moins bien - parce qu'on n'aime pas vraiment se regarder -, mais au moins, on voit ses défauts. Et je trouve que c'est enrichissant. Après, on voit que c'est quand même très, très dur. Et on ne voit pas tout parce que nous on l'a vraiment vécu. Et puis on découvre aussi des choses : les dernières chances que je n'ai pas faites, je les découvre. Après, ça me ressemble, oui. Je me reconnais jusqu'à la onzième émission. La douzième, je me reconnais un peu moins.
Parlons un peu de votre image. Pendant que vous étiez filmée, vous aviez ça dans un petit coin de votre tête ? Vous vous disiez "Fais attention à ne pas être trop cash" ou autre ?
Le problème - mais ce n'est peut-être même pas un problème parce que j'ai quand même remporté ce titre -, c'est que je n'ai pas été coachée à mort en disant "Fais attention à ton image, fais attention à ce que tu fais, à ce que tu dis, sois belle, présente bien...". Moi j'ai vécu le truc comme si je faisais un concours. Je ne me mettais pas dans la tête qu'il y avait je-ne-sais combien de téléspectateurs qui allaient me regarder. Je faisais mon épreuve, je faisais mon concours et parfois le naturel revient au galop. Parfois, on parle mal, parfois on goûte avec notre doigt et pas avec une cuillère. On oublie que les caméras sont là.
Au moment de signer pour participer, est-ce que vous avez eu une discussion avec la production ou la chaîne qui vous prévient que vous allez devenir un personnage public, et donc potentiellement soumise à la critique ?
Non. Ca, on ne nous le dit pas forcément, pour qu'on reste naturel aussi. Il n'y a pas à un moment où on vient nous voir en disant "Attention, tu dis trop de gros mots, il y a des enfants qui nous regardent, ça ne va pas passer". On a vraiment une liberté de notre caractère. Justement, pour être naturel.
Vous êtes sur Twitter ?
Non, je n'ai pas de Twitter. Mais à mon insu, je découvre ça.
Vous avez regardé un peu ce qui se dit de vous ? Ou est-ce qu'on vous a remonté des propos ?
Oui, j'ai entendu certaines choses. Après, je pense qu'il ne faut même pas en parler. C'est négatif donc ça ne m'apporte rien.
Vous vous fiez plus à ce que vous disent vos proches ou à ce que vous avez vu vous-même ces dernières semaines ?
Oui, parce que je me critique aussi. Je ne me dis pas que ce que je fais est parfait et que ce que je dis est très bien. Je m'auto-critique. Je suis dure avec moi-même. Donc je n'ai pas besoin d'avoir le retour de gens parce que je m'auto-analyse et j'ai des proches qui sont là aussi pour m'en parler.
Vous parliez de la douzième émission où vous vous êtes moins reconnue, donc parlons-en. C'est là qu'a eu lieu la fameuse "affaire des têtes de crevettes". Vous comprenez que ça ait pris autant d'ampleur ?
Bien sûr, c'est parce que c'est vous qui le voulez ! (Rires) C'est la question qui me revient depuis ce matin dans les interviews. Je trouve que c'est tellement dommage qu'on s'arrête à ça, surtout que ce n'est pas la vérité. Je ne parle pas que des miens mais c'est un concours de cuisine. Les gens qui regardent cette chaîne, c'est pour un concours de cuisine et pas pour parler de crevettes volées qui n'ont pas été volées.
Du coup, mettons les choses au clair : vous avez demandé les crevettes à Yoni après les images qu'on a vues, mais ça n'a pas été montré, c'est ça ?
Oui, c'est ça.
Et quand vous avez vu ça lundi dernier, vous vous êtes dit quoi ? "Ce n'est pas très sympa de couper cette séquence" ? Ou "C'est le jeu" ?
J'ai vu que l'émission était beaucoup centrée sur moi et je peux comprendre que les gens ne m'aiment pas parce que même moi, je ne me suis pas aimée en me regardant et je ne me suis pas reconnue parce que ce n'est pas moi du tout. Ca me touche, oui.
Et quand, dans la finale, vous sous-entendez que Florent vous a piqué des poulets, vous comprenez que ça passe mal ? Ou il vaut mieux ne pas y penser ?
Non, parce que je ne le savais pas. Et puis il n'y a que les candidats et moi qui savons ce qui s'est passé sur les épreuves. Après, c'est normal qu'on doive justifier auprès des vous et des téléspectateurs. Mais c'est tellement dommage qu'on s'arrête à des choses qui sont futiles. Et puis, c'est une compétition, on dit des choses parfois excessives. On peut parfois avoir un petit problème avec une personne, on dit des choses, la vie continue et le lendemain, on s'excuse, et c'est reparti comme des bons copains. Je ne comprends pas pourquoi les gens s'arrêtent à des choses pareilles ! Jean-Philippe et moi, on se revoit ce week-end et même si j'ai dit qu'il m'avait volé mes poulardes, il n'y a pas mort d'homme. On en fait toute une affaire d'Etat pour rien.
On a vu que vous aviez du caractère. Vous pensez que c'est nécessaire en cuisine quand on est une femme, de crier plus fort que les autres ? On sait que c'est un milieu très masculin...
C'est essentiel d'avoir du caractère, oui. Mais pas besoin de crier pour se faire respecter. D'ailleurs, je ne crie pas vraiment...
C'est vrai ! C'est plutôt de votre côté très compétiteur qu'il s'agit en fait...
J'ai l'impression que les Français n'aiment pas la compétition, finalement. On est quand même dans un concours ! Même si eux regardent la télé, et que c'est de la télé-réalité pour eux, nous on est dans l'optique d'un concours. Et donc il y a de la compétition. Au début, on la voit beaucoup moins parce qu'on est seize, mais vers la fin on est tous un petit peu comme ça. Et ça s'est vu. Jean-Philippe la voulait vraiment cette épreuve hier, Fabien aussi, même s'ils se battaient pour Florent et pas pour eux-mêmes. On a vu qu'ils avaient énormément de caractère.
Vous pensez justement qu'il y a une part de sexisme dans les reproches qu'on vous fait ? Qu'on aurait été moins dur si un homme avait eu exactement le même comportement que vous ?
Oui, je pense. Après, je ne me pose pas de question par rapport à ça, parce que je sais comment j'ai été sur les épreuves, et comment je suis. Après, est-ce qu'il y a une part aussi liée à mes origines ? Je n'en sais rien, je n'ai même pas envie de me poser cette question parce que je me ferais du mal. Je ne sais pas...
Cette victoire, c'est une revanche ? On vous a beaucoup vu parler de votre adolescence difficile, du fait que vous n'étiez pas bonne à l'école...
Oui. En fait, ça montre à la jeunesse d'aujourd'hui qu'on est capable de tout finalement, qu'il ne faut surtout pas se mettre de barrière et que quand on a envie de faire quelque chose, il faut le faire. Qui m'aurait dit que j'allais faire "Top Chef", que j'allais être finaliste ? Même pas moi ! Tout est possible, c'est le message que j'ai envie de faire passer. Même si on est mauvais à l'école, il y a toujours moyen de trouver sa voie. Et si on est dans un milieu modeste, on y arrive aussi.
La semaine prochaine, vous affrontez Jean dans un duel de Top Chefs. Comment vous anticipez ce match ?
Je vais y aller... comme une compétitrice ! (Rires) Ca reste une compétition et Jean est tant que moi dans la compétition. Et puis ça va être aussi un peu plus décontracté je pense.
Et là, vous allez faire un peu plus attention à ce que vous dites ?
Oui ! C'est pour ça que je me regarde. Pour ne pas refaire les mêmes erreurs !