Le SNJ sort le carton rouge. Hier, Radio France a annoncé qu'il nommait au poste de directrice du service des sports la journaliste Nathalie Iannetta. Elle prendra ses fonctions à partir du 1er septembre prochain. Elle succédera ainsi à Vincent Rodriguez, nommé en janvier 2019, après le départ du patron historique des sports de la Maison ronde, Jacques Vendroux.
Cette nomination n'a toutefois pas plu au Syndicat national des journalistes de Radio France. Dans un communiqué hier soir, le SNJ a fait savoir sa colère concernant cette "annonce brutale du remplacement" de Vincent Rodriguez, "sans attendre les conclusions de l'enquête interne chargée d'identifier d'éventuels faits de sexisme et de harcèlement sexuel", qui "nourrit l'horrible poison du doute et du soupçon".
Le syndicat a expliqué suivre "attentivement l'enquête de la cellule interne" concernant les faits rapportés de sexisme. "Si le compte-rendu de la cellule interne est extrêmement sévère concernant Radio France et les comportements passés de certaines directions, dont celle des sports, il mentionne un virage radical et positif pris depuis 2019 et la nomination de Vincent Rodriguez, corroboré par plusieurs témoignages", a poursuivi le SNJ. Et d'enchaîner : "Finie l'ambiance de travail sexiste où les femmes étaient des journalistes de second rand, elles ont enfin pu y prendre toute leur place".
"Depuis l'annonce brutale aujourd'hui, les équipes des sports sont donc sous le choc et dans l'incompréhension la plus totale. Pourquoi prendre ainsi le risque de décapiter et déstabiliser totalement ce service en plein Euro de football et de Tour de France de cyclisme et juste avant les JO ? En quoi cela peut-il s'avérer positif dans le lutte nécessaire contre les comportements et paroles sexistes ?", a demandé le SNJ, déplorant "une telle politique de gribouille de la part de la direction" et adressant "un carton rouge pour cette succession de fautes morales et managériales".
Pour rappel, en mars dernier, Radio France a ouvert une enquête interne à la suite des accusations d'Amaia Cazenave, journaliste spécialisé dans le rugby, qui a rapporté avoir subi des comportements sexistes. Elle avait témoigné mi-mars dans le documentaire de Marie Portolano sur Canal+, baptisé "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste". Elle a notamment raconté face caméra qu'un collègue s'était permis de crier très fort et plusieurs fois dans l'open space : "J'ai envie de baiser !", alors qu'il se trouvait seul avec elle. "Il y a d'autres fois où je suis arrivée à la rédaction avec du rouge à lèvres et on m'a dit que j'avais une bouche à pipes", témoignait aussi la journaliste.