Interview
Nathalie Iannetta (#FemmesDeFoot) : "Il y aura un avant et un après dans cette Coupe du monde"
Publié le 20 mai 2019 à 10:27
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin qui se déroulera en France, la journaliste de TF1 s'est confiée à puremedias.com.
Nathalie Iannetta Nathalie Iannetta© TF1
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Les femmes et le sport sont à l'honneur sur puremedias.com. A l'occasion de la Coupe du monde de football féminin en France du 7 juin au 7 juillet, les personnalités féminines de l'univers du ballon rond se confient pour notre opération #FemmesDeFoot sur le tournoi international de football et sur leurs actualités à la télévision. Ainsi, Nathalie Iannetta, présente sur TF1 pendant la Coupe du monde féminine, a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 15 mai.

Partie Coupe du monde de football féminin

Que représente le football féminin pour vous ?
Ca n'existe pas le football féminin. Il y a un sport qui s'appelle le football. Il se joue à onze contre onze. Il y a un schéma tactique plus ou moins offensif ou défensif, selon la culture du sélectionneur ou de l'entraîneur. Il se trouve que ce sport peut accessoirement être joué par des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes et des handicapés. Le football est le sport que je préfère le plus au monde. Cette Coupe du monde sera l'occasion de voir ce sport-là pratiqué par des femmes.

"J'aimerais vraiment que l'équipe de France soit la surprise de cette Coupe du monde." Nathalie Iannetta

Quelle sera la surprise de cette Coupe du monde féminine ?
La surprise sera l'ambiance dans les stades. C'est différent des matchs joués par les garçons. C'est beaucoup plus familial et plus populaire. J'ai eu la chance à l'UEFA de suivre pas mal de matchs de très haut niveau joués par des femmes. Ce n'est vraiment pas la même ambiance. Peut-être qu'on y va avec un état d'esprit différent. Je n'arrive pas bien à expliquer cette différence de climat. Je pense que les téléspectateurs ne s'attendent pas à cet esprit de fête dans les stades, qui entoure souvent les compétitions féminines.
Sur le terrain, j'espère que la surprise sera l'équipe de France. C'est la dernière grande compétition internationale pour une partie de cette équipe. On arrive au bout d'une génération. J'aimerais vraiment qu'elle soit la surprise.

L'Equipe de France peut-elle remporter la compétition ?
Elle le peut, oui. Je pense qu'elle fait partie des cinq équipes sur le papier qui ont à la fois le talent et les ambitions. Après, il y a des équipes qui sont un peu devant en termes de qualité. Cela dit, il y a un an, lors de notre interview sur la Coupe du monde des garçons, j'avais dû faire la même réponse. On n'imaginait pas que l'Espagne allait se tirer une balle dans le pied, avec une histoire de sélectionneur à 48 heures du premier match. On n'imaginait pas que les tenants du titre, les Allemands, allaient se faire battre dès le premier tour. On n'imaginait pas que le Brésil, qui avait fait une campagne de qualification prodigieuse, allait s'empêtrer dans une affaire d'ego dans le vestiaire et s'arrêter en si bon chemin. Forcément, une fois que les gros favoris sont éliminés, ça déblaie le chemin. Donc, est-ce que les Américaines ne seront pas au niveau attendu ? C'est possible. Pareil pour les Allemandes et les Japonaises.

"Jean-Michel Aulas a réussi son pari. Sur la scène internationale, l'OL est désormais une énorme référence." Nathalie Iannetta

Quelle joueuse fera la Une des médias cet été ?
Chez les Françaises, je pense à Amandine Henry, la capitaine emblématique. Les médias parleront beaucoup d'elle. J'espère qu'on parlera aussi de Wendie Renard. A son poste, c'est l'une des meilleures. En termes de notoriété, l'une et l'autre sont les plus connues. Les médias vont s'accrocher aux figures les plus connues. Ensuite, peut-être que la petite Marion Torrent peut nous faire une Pavard, une espèce de truc surgissant de nulle part. Il y aura certainement de belles surprises. J'ai aussi une immense affection et tendresse pour Gaëtane Thiney que je connais depuis longtemps. Je sais que la compétition sera importante pour elle car ce sera sa dernière. En un temps très court, elle a vu la différence de traitement médiatique et de professionnalisation de son sport. Pour elle, c'est plus qu'une Coupe du monde.

Quel sport féminin devrait être beaucoup plus diffusé à la télévision ?
Ceux que les gens ont envie de regarder. On l'a vu avec le handball. Ca a attiré un public considérable (l'équipe de France féminine de handball a remporté la Coupe d'Europe en 2018, la finale avait été diffusée sur TF1, ndlr). Elles ont un style de jeu très agressif, des tempéraments et des caractères incroyables. Surtout, elles ont gagné un titre. A la fin, la reconnaissance de champions ou de championnes se fait par les titres. Dans le football, on reconnaît l'Olympique Lyonnais. C'est le génie de Jean-Michel Aulas (président de l'OL, ndlr). Il a été le premier à miser sur une équipe professionnelle féminine, en mettant les mêmes moyens que pour les garçons. Il a réussi son pari. Sur la scène internationale, l'OL est désormais une énorme référence.

Partie médias
"Je veux défendre la place des femmes et la manière dont on parle d'elles." Nathalie Iannetta

Quel sera votre rôle dans le dispositif de TF1 pour la Coupe du monde de football féminin ?
C'est simple. Avez-vous regardé la Coupe du monde de football 2018 sur TF1 ? Ce sera la même chose pour la Coupe du monde 2019. (rires) Denis Brogniart présentera "Le Mag" de la même manière que l'année dernière. On sera derrière les matchs de l'équipe de France et les matchs que diffusent TF1 et TMC. Dans cette émission, je serai avec des consultants et des consultantes. Le dispositif dans les stades sera le même que la Coupe du monde des garçons. Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu commenteront les matchs. Ils auront une formidable ex-joueuse à leurs côtés, Camille Abily. L'autre équipe sera composée de Christian Jeanpierre et Sabrina Delannoy. La force du dispositif de TF1 sera de mettre les mêmes moyens que pour les garçons.

Pourquoi avez-vous accepté de revenir sur TF1 ?
Pour trois raisons. La première est qu'on me l'a proposé. La deuxième est que j'ai apprécié l'expérience de l'an dernier. J'ai retrouvé tout ce que j'aimais quand j'étais à l'antenne sur Canal+. Il y avait une réelle complicité, beaucoup de plaisir de faire ce travail sérieusement sans se prendre au sérieux. Enfin, la troisième raison est que j'ai envie de vivre cet événement de l'intérieur, surtout quand il est organisé à la maison et qu'il touche une cause que je défends beaucoup. Je veux défendre la place des femmes et la manière dont on parle d'elles. C'est donc avec un immense plaisir que je repars avec TF1.

Vous êtes une ancienne du groupe Canal+, qui détient la totalité des droits télés de la Coupe du monde. Vous ont-ils approché pour intégrer leur dispositif ?
Non, pas du tout.

"A mon sens, la télévision a dérivé vers des débats où tout le monde donne son avis." Nathalie Iannetta

Lors d'une interview sur puremedias.com en juin 2018, vous nous aviez confié avoir fait une croix sur la télévision et que la Coupe du monde de football des hommes était une parenthèse. Finalement, la télévision vous manquait encore un peu, non ?
Je ne sais pas si la télévision me manque. J'ai une relation particulière à ce métier. C'est le métier qui m'intéresse. Pas le média. Il se trouve que par un immense concours de circonstances, pendant 20 ans, le média sur lequel j'ai exercé ce métier était la télévision. J'ai besoin d'enthousiasme de partager des émotions et de raconter des histoires. Comme je l'ai fait pendant 20 ans à la télévision, c'est plus souvent la télévision qui me fait des propositions. Mais j'ai une relation très distancée à la télévision en elle-même.

Traite-t-on le football féminin de la même manière que le football masculin ?
C'est l'un des grands défis de cette Coupe du monde. Avec cette compétition, quels que soient nos médias, on va enfin faire notre travail. Je m'explique. A mon sens, la télévision a dérivé vers des débats où tout le monde donne son avis. Est-ce qu'on apporte des informations ou un éclairage particulier ? Est-ce qu'on fait preuve d'une expertise telle que celui ou celle qui regarde l'émission a le sentiment d'avoir appris quelque chose ? Dans le football des garçons, c'est de moins en moins vrai. Je pense qu'avec les femmes, on va raconter beaucoup de choses. D'un point de vue géographique, le football joué par les femmes n'a pas la même cartographie que le football des garçons. On va découvrir des pays bien plus en avance avec les filles qu'ils ne le sont avec les garçons. Ca va nous permettre de raconter pourquoi culturellement le football est devenu une arme pour les femmes pour s'émanciper, devenir des championnes ou gravir des échelons dans la société. Puis, les figures incarnantes sont nettement moins connues que les garçons. On fera donc vraiment notre métier, c'est-à-dire informer les gens sur les joueuses et les nations du football féminin. L'ambition est que les gens soient plus informés à la fin de la compétition qu'au début. Mon rêve ultime est que des filles ou des garçons, au terme de cette compétition, aient envie de s'inscrire au football car ils auront trouvé du plaisir, une figure inspirante ou un modèle. J'aimerais tellement voir des petits garçons porter des maillots de l'équipe de France floqués Henry ou Renard dans la rue. Ce serait vraiment top si on arrivait à faire ça.

Est-ce que cette Coupe du monde féminine, avec sa forte médiatisation, peut être un tournant pour le sport féminin en général à la télévision ?
Je le crois. Vous imaginez-vous ce que ça va être le 7 juin ? Le Parc des Princes sera plein pour un match joué par des femmes. Elles n'ont jamais joué là-bas. Jamais. Je ne sais pas si on mesure de quoi on parle. Il y aura "La Marseillaise". Tout un pays derrière. Un prime time sur TF1. Certainement une journée très particulière qui commencera dès le matin avec les équipes de l'info. C'est impossible qu'il n'y ait pas un avant et un après dans cette Coupe du monde et dans le traitement médiatique du sport féminin.

"J'étais sure qu'à partir du moment où la France serait candidate, ça marcherait." Nathalie Iannetta

Cette Coupe du monde est particulière pour vous. En tant que conseillère de François Hollande, vous aviez porté ce projet pour que la compétition se déroule en France. La boucle sera donc bouclée.
Comme quoi il y a parfois de belles histoires. Je me souviens très bien de Brigitte Henriques (vice-présidente de la FFF, ndlr) et Victoriano Melero, qui était secrétaire général adjoint de la fédération de football à l'époque, qui étaient venus me voir. Ils m'avaient expliqué qu'ils avaient vraiment envie que cette Coupe du monde se déroule en France. Ils souhaitaient savoir si l'Etat allait les suivre. J'étais sure qu'à partir du moment où la France serait candidate, ça marcherait. On avait le meilleur dossier. Quand on l'a déposé, on leur a garanti des stades pleins. Mais, pour ne pas vous mentir, on n'en était pas du tout sûr ! A l'ouverture de la billetterie, on s'est dit : "Pourvu que ce soit le cas". Et c'est le cas ! Le pari est gagné ! Il y a cinq ans, j'ai fait signer les lettres de garantie aux ministres et au président de la République en fonction pour valider notre candidature. Aujourd'hui, j'espère pouvoir en dire beaucoup de bien, que ce soit en termes d'organisation ou de qualité sportive. C'est aussi pour ça que j'ai dit oui tout de suite aux équipes de TF1 quand elles m'ont appelée. Ca ne pouvait pas être autrement.

Quels sont vos projets après la Coupe du monde ?
Ah ! On se reparle à la fin de la Coupe du monde ? (rires) On va faire ça.

Mais si on vous proposait un nouveau projet en télé, accepteriez-vous ?
Encore une fois, je ne fais pas de la télé. J'exerce une activité avec énormément de plaisir. Il se trouve que c'est à la télévision, mais ce n'est pas mon métier, juste la télévision. J'ai été journaliste. C'était super de le faire à la télévision, surtout quand il s'agit de sport avec les images. Mais j'ai une relation très particulière avec ce média. Moi, ce qui m'intéresse, c'est le contenu, pas le contenant. Le contenu, peut-être que ça me manque un peu.

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